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Du droit à la différence

Soumis par Pierre-Alain Porret le 20 décembre 2019
Tous différents… et tous pareils !

Dans une société plurielle, traversée par de multiples courants de pensée attisés par la facilité de l’internet, nous voyons fleurir une quantité de revendications à la différence, qu’elle soit physique, religieuse, sexuelle ou philosophique. La mobilité et l’ouverture de certaines frontières ont, quant à elles, permis à la population suisse d’augmenter malgré la baisse de la natalité, en accélérant la formation d’une société multiculturelle.

Le plan d’études romand (PER), rédigé au début du XXIe siècle, est arrivé à point nommé pour accompagner une réforme en profondeur de l’école, laquelle ne pouvait pas rester uniquement spectatrice d’un tel bouleversement. Début novembre, un colloque de la CIIP a réuni à Fribourg des représentants de tous les cantons pour débattre sur le thème de la Formation Générale (FGE), en particulier dans l’optique du « vivre ensemble » et de « l’exercice de la démocratie ».

On y a souligné que le « vivre ensemble » s’était bien développé dans les classes romandes. En effet, c’est une excellente occasion pour permettre à nos élèves, tous tellement différents, d’apprendre à se connaitre mieux, à se respecter et à grandir collectivement en diminuant les tensions. De nombreuses actions sont ainsi entreprises régulièrement pour développer de meilleures compétences relationnelles chez les élèves. « L’exercice de la démocratie » semble, lui, plus difficile à mettre en œuvre. Il faut souligner que cela exige que l’enseignement s’affranchisse quelque peu de la logique cloisonnée des branches scolaires afin de construire des projets transversaux et participatifs. Il s’agit d’apprendre à concevoir la formation sur un mode plus global, et cela implique d’accorder aux enseignants une certaine liberté de manœuvre, du temps, des moyens et des formations spécifiques.

Tous différents, et tous pareils…

La reconnaissance de la différence permet à l’individu de se reconnaitre lui-même, puis de considérer l’altérité de ses proches en acceptant toute la richesse qu’apporte la diversité. Dans cette optique, la population suisse, en se métissant de plus en plus, ne peut que se fortifier et gagner en compétitivité. L’exemple de l’équipe nationale de football n’en est qu’un parmi d’autres. Toutefois, particulièrement chez les jeunes, le besoin d’appartenance à un groupe est aussi un puissant moteur de motivation. L’éloge de la différence doit donc être complété par la prise en compte des ressemblances, par la recherche de valeurs communes et l’élaboration de projets collectifs. Philippe Meirieu, de passage à Delémont pour le congrès du SEJ cet automne, a su nous le rappeler avec force.

Ce subtil, mais puissant équilibre a fait la force de la Suisse moderne qui a décidé dès 18481 de donner la parole à chacun·e par le biais de la démocratie directe, tout en créant un système où les élu·es des différents parlements communaux, cantonaux et fédéraux sont obligé·es de travailler constamment, tous ensemble, à rechercher des compromis pour gouverner.

Et si, réalisant l’importance catégorique de ce constat pour notre société, nos autorités faisaient de la FGE la branche principale à l’horaire scolaire ? Peut-être que les défis du futur nous y amèneront un jour…

1 et non pas 1291, n’en déplaise à certains !

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Publié le
ven 20/12/2019 - 15:52
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