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L’école à la maison

Soumis par Anne Barraud-G… le 24 avril 2020
Photo Jessica Lewis (Unsplash)

Vendredi 13, ça ne s’invente pas, le Conseil Fédéral annonce la fermeture des écoles pour les raisons sanitaires que l’on connaît.

Malheureusement, les enfants sont tous déjà à la maison, ils ne viennent pas cet après-midi-là et ils n’ont pas pris leurs affaires. Après deux semaines de classe bien étranges, il va maintenant falloir innover davantage encore !

Je suis dans ma dernière année d’enseignement et me voilà confrontée à ce nouveau défi. Je suis de la génération « polycopiés » même si j’ai suivi le progrès. Ainsi, dans mon premier poste, à Payerne, nous avions déjà des ordinateurs Commodore, nous étions dans une zone test. Toutefois, je sais que la relation avec de si jeunes enfants n’est pas propice à un enseignement à distance, les écrans doivent être utilisés avec parcimonie et ils ne savent d’ailleurs pas lire.

Durant le weekend, c’est l’effervescence. Toutes sortes de nouvelles nous mettent dans un état d’hébétude. Comment faire pour bien faire ?

Nous ne sommes pas en vacances ! Ne pas se mettre en danger. Réunion des enseignants lundi. Ne venez pas si vous toussez. Attention aux aînés. … La liste ne cesse de s’allonger.

J’ai 64 ans, une maladie auto-immune et je tousse, car les petits viennent souvent à l’école avec un rhume. Je me sens ainsi dans une situation extrêmement désagréable.

Dimanche soir, j’envoie un courriel à la direction et je reçois dans les cinq minutes un appel qui m’autorise à me mettre en auto-confinement volontaire. Je ne viendrai en classe qu’en cas de besoin et le soir, car nos locaux sont aussi utilisés par la structure d’accueil. Je me sens rassurée.

Le lundi, mes collègues déposent un contenu éducatif sur la plateforme Pronote. On l’utilisait jusque là uniquement pour les absences. Depuis la maison avec mon ordinateur très vieillot, je rame. Mais pas grave, le travail sera mis en ligne aussi en mon nom par mes collègues. Merci à elles.

Comme je vis seule, très vite, je me sens vraiment mise à l’écart et, à nouveau, j’en fais part à ma directrice. Je lui annonce que je viens de créer un groupe WhatsApp et que j’ai déjà mis un petit mot aux parents. Je vais donc maintenir le lien de la sorte. J’y donne de courtes règles aux adultes. Rien d’obligatoire, il est même possible de mettre le groupe sur silence, de le quitter ; il faut éviter d’ajouter un stress supplémentaire aux un·es et aux autres.

Tous les matins, je fais ma petite émission radio pour mes élèves, une minute trente au maximum pour le moment. Si nécessaire, j’y ajoute une brève explication écrite.

Objectif : faire le travail seul.

Très rapidement, j’ai des retours, des messages, des photos, de petits enregistrements, c’est super, touchant, très encourageant.

Je joins, quelques jours plus tard personnellement les plus timides, tous ont répondu.

Finalement je décide d’envoyer un courrier postal par semaine avec le matériel indispensable et les consignes seront transmises sous forme audio.

Maintenant, il va falloir tenir sur la durée. L’avenir dira comment vont évoluer les choses, mais cela va être long, c’est certain. Je me sens comme une marathonienne. Seul·es ceux qui ménagent leurs forces franchissent la ligne d’arrivée.

J’ai juste une petite crainte, que mes appareils électroniques attrapent aussi un virus ! L’humour fait aussi partie de la réussite. Je vous quitte, je vais maintenant rejoindre mes collègues sur Skype.

Anne Barraud-Gaillard

 

Publié le
ven 24/04/2020 - 00:05
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