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Anne-Catherine nous prendrait-elle pour des c...?

Soumis par SAEN le 18 mars 2017

Les ménages du canton (même ceux qui ne souhaitent pas de pub) ont reçu ou vont recevoir ces jours une brochure à lire avant d'élire!

Elle veut parler des finances et des impôts sous un jour apparemment neutre, voire objectif.

Il faut bien chercher pour trouver l'auteur de cette propagande, car c'est bien de cela qu'il s'agit.
On découvre dans un lien recommandé à Anne-Catherine pour l'aider à choisir les candidats méritants que cela émane de la CNCI (chambre neuchâteloise du commerce et de l'industrie).
Ce lobby est bien connu pour son engagement social (humour!).
En fait, il s'agit d'une émanation des patrons d'entreprises neuchâtelois, comme l'atteste cet extrait de leur site:

«Une fois par année, près de 400 patrons et invités neuchâtelois se réunissent à l’occasion de l’Assemblée générale de la CNCI.»

Oh miroir, mon beau miroir!

Comme toute association professionnelle, la chambre a bien sûr parfaitement le droit de recommander l'élection de candidats proches de ses idées.

Compte tenu du type de membres de la CNCI, on ne s'étonnera guère que ses recommandations soient à très peu de choses près l'exact miroir de celles du SAEN.

Si on suit le lien suggéré à Anne-Catherine, on découvre la liste des meilleurs candidats aux yeux des patrons.

Parmi les 320 candidats ayant complété le questionnaire Smartvote.ch, si l'on suit les priorités du la chambre, le mieux loti est l'un de ses directeurs!
Les candidats libéraux-radicaux (PLR), verts-libéraux (PVL) et UDC trustent les 100 premières places n'en accordant qu'une à un socialiste (96e).

Compte tenu des priorités proclamées par la CNCI, on se doute que le classement met en valeur celles et ceux qui vont se montrer les plus restrictifs avec les dépenses publiques, y compris en ce qui concerne l'école!
La liste peut s'avérer utile si on sait l'utiliser: il suffit (presque) de privilégier les candidats les plus mal classés, grosso modo celles et ceux qui se situent dans la seconde moitié du classement (en laissant de côté les abstentionnistes de Smartvote.ch).

Quelle fiabilité?

La brochure se donne des allures d'information neutre, du genre de celles transmises par les autorités.

On se doute bien cependant qu'il ne faut pas tout gober sans un minimum de réflexion...

Testons avec un domaine que nous maîtrisons: l'éducation.

La CNCI présente le diagramme suivant:

cnci_education.jpg

Puisque l'enseignement et la formation sont pointés du doigt, que disent les chiffres de l'Office fédéral de la statistique (OFS)?

Dans la statistique suivante, on ne répartit pas les coûts par habitant, mais par élève/étudiant, ce qui est bien plus logique.
Ça ne vous semble pas évident que le coût ramené par habitant pénalise les cantons peu peuplés, qui ne peuvent bénéficier d'économies d'échelle?

couts_par_eleve.png

On remarque que Neuchâtel soutient la comparaison et se situe même en deçà de la moyenne suisse.
Plus impressionnant, canton universitaire (plusieurs facultés), la charge par élève est comparable à celle des cantons sans hautes écoles de ce type.
Au passage, cela permet de souligner que c'est rendu possible grâce aux économies réalisées dans la scolarité obligatoire (32% sous la moyenne suisse selon BAK BASEL).

Bref, si tout est du même accabit, mieux vaut rapidement classer verticalement la brochure de la CNCI!

... et rappelons-nous de la célèbre phrase de Churchill: «Je ne crois aux statistiques que lorsque je les ai moi-même falsifiées», certainement excessive, mais éclairante!

Personne n'aime payer trop d'impôts... et on est effectivement gâtés chez nous. Mais, en rapport avec l'actualité récente, il faut aussi être capables de différencier les cas de la classe moyenne inférieure et de la multiplication des millionnaires, par exemple.

On observe depuis longtemps que les plus riches n'ont aucune vergogne à s'appuyer sur les difficultés des milieux défavorisés pour leur faire défendre leur intérêt particulier...

À propos des impôts...

À l'école, en 11e année, ainsi que dans le cadre de la formation professionnelle, on parle des prélèvements fiscaux et de leur redistribution ("Institutions politiques suisses", éd. LEP, page 74):inst_CH.jpg

Redistribution

  • D'un côté, l'État réinjecte une partie de l'argent prélevé dans l'économie par le biais des infrastructures qu'il réalise (routes, bâtiments, etc.) et des services publics qu'il finance.

  • De l'autre, il apporte un soutien financier:

    • à l'agriculture (subventions);

    • aux assurances sociales (AVS, AI, assurance-maternité, etc.);

    • aux régions défavorisées (péréquation financière);

    • à la culture (subventions), etc.

  • Cette redistribution a une influence directe sur l'économie puisqu'elle remet en circulation d'importantes sommes d'argent.


Voir également:

Élections cantonales 2017: Quel vote?

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