Crystel Graf aurait pu rêver mieux pour sa première participation à la Journée syndicale des enseignants neuchâtelois. La ministre de l’éducation a été bousculée sur l’enseignement de l’allemand par immersion et l’école inclusive.
Venue à la rencontre des enseignants lors de leur journée syndicale, la conseillère d’Etat Crystel Graf n’est pas arrivée en terrain conquis. Si besoin était, la ministre de la formation aura compris, ce mercredi 2 novembre à Cernier, que les ambitions du Canton pour le projet Prima se heurtaient aux réalités du terrain.
Quelque 180 membres du Syndicat autonome des enseignants neuchâtelois (SAEN) étaient réunis en assemblée à Mycorama. Personne n’a contesté les bienfaits du projet, qui consiste à faire des maths ou de la gym en allemand à l’école obligatoire.
Depuis le lancement de Prima il y a dix ans, «le syndicat soutient l’enseignement des langues par immersion», a relevé Pierre-Alain Porret, président du SAEN. «Il est évident que si un enfant peut être plongé dans le bain d’une langue, c’est mieux qu’avec un manuel.»
Mission impossible
Le problème est le cadre fixé par le Conseil d’Etat, via un arrêté validé par le Grand Conseil. Dès 2027, chaque cercle scolaire devra avoir mis en place une filière Prima complète, de la 1re à la 11e année Harmos.
«C’est une vue de l’esprit. Cet objectif sera impossible à réaliser», a souligné John Vuillaume, ancien président du SAEN. «Le bilinguisme, c’est fantastique, mais on ne peut pas l’imposer.»
Pierre-Alain Porret, président du SAEN. Photo: Lucas Vuitel
«Faire croire à la population que l’on y arrivera est une tromperie», a rebondi Pierre-Alain Porret. «Le marché de l’emploi des personnes compétentes est desséché. On essaie de faire venir des Alémaniques, mais ils sont peu attirés par nos conditions de travail.»
