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Des géniteurs hors PER

Soumis par SAEN le 30 août 2013

Un article
[1]
nous apprend que des parents chaux-de-fonniers ont bravé l’autorité scolaire pour que leur fils puisse participer à un tournoi de hockey.
«Faisant fi» du refus de congé, ils ont dû comparaître devant le Tribunal de police. Et ils ont expliqué au juge que «ce tournoi revalorisait [leur fils] et le restabilisait sur le plan scolaire.» Cette dernière affirmation n’est probablement pas fausse, mais l’on relèvera tout de même qu’il serait drôle que les parents de chaque élève fussent désormais en droit de déterminer les compétences qu’il serait bon que l’école développât chez leur progéniture. (sl)
 

Surtout, fais comme tu veux

 

Nous pourrions aussi bien nous pencher sur le rapport particulier qu’entretiennent ces parents avec l’autorité. En effet, non contents d’enfreindre la loi sur l’organisation scolaire, ils refusent de s’amender et rencontrent une journaliste à laquelle ils confient qu’ils «assument totalement» en posant, tout sourire, sur une photo qui achève de les sortir de l’anonymat dans lequel se réfugierait n’importe quel quidam pris en faute.

 

Il nous faut ici préciser que le journal en question est gratuit et qu’il est fréquemment lu par les jeunes en âge d’être les enfants de ces citoyens étonnants. Message à la jeunesse: fais ce qui te plaît, tant que tu «assumes». D’où l’on déduit que 450 francs pour une semaine de congé «hors quota», c’est pas si cher, finalement. (sl)


 


J’ai 20 minutes pour réviser mon vocabulaire

 

«Leur fils rate cinq jours d’école: ils sont punis». Il n’auraéchappé à personne que le journal gratuit romand qui déferle dans les lieux de transhumance obligatoire chaque matin de la semaine pour embrumer les cerveaux des passagers somnolents n’a pas bâti sa réputation sur l’exactitude factuelle des informations qu’il contient (malgré lui), ni sur la justesse de sa titraille.

 

Cependant, le titre ci-dessus dépasse nos attentes tant il est magnifique de fausset é et de bêtise. En effet, l’élève dont il est question dans cet article renversant ne peut pas avoir «raté» cinq jours d’école puisqu’il est dit ensuite qu’il les a manqués volontairement à l’incitation et avec la bénédiction de ses parents. Deuxièmement, ces derniers n’ont pas été «punis» (vocable renvoyant à l’imagerie surannée d’une école qui connaissait encore les châtiments corporels), mais seulement sanctionnés par une amende pour manquement à leur devoir.

 

Je sais, ça fait beaucoup de nouveaux mots (et des compliqués en plus) d’un seul coup, mais pour dire les choses honnêtement, sans trop les tordre, il faut des outils adéquats. 20 minutes devrait se les procurer. Ou pas. (sl)


 


N’en parlons plus!

 

Ce qu’il y a de plus regrettable en somme dans cette «affaire» chaux-de-fonnière –et de plus révélateur sur la difficulté du partenariat tant vanté mais si peu actualisé entre l’école et la famille– c’est que ces parents, à leur manière, ont raison. Et que l’école pourrait, à certaines conditions, leur donner raison, probablement… Leur fils s’accomplit à travers sa passion. Et personne ne peut nier qu’une personnalité en construction nécessite d’autres apports que le programme scolaire officiel (fût-il romand et diffusé sur une plateforme en ligne) pour s’accomplir et trouver sa place.

 

Mais comment amener les personnes en charge de l’éducation des enfants et des adolescents à dialoguer et à s’accorder sur des règles nouvelles lorsque les textes ne disent pas tout? Comment l’école pourrait-elle prendre en compte la diversité des parcours personnels des jeunes et les valider institutionnellement, par exemple dans un plan de formation individualisé, lorsque les ressources manquent déjà pour assurer l’enseignement de base (les disciplines du PER selon la grille-horaire officielle)?

 

En résumé, à La Chaux-de-Fonds, décidément, rien n’est ou tout noir ou tout blanc… (sl)


[1]
20 minutes , le 26 août 2013

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