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Enseignants en herbe à la rescousse

Soumis par SAEN le 4 avril 2014

Les cantons de Neuchâtel, Berne et du Jura guettés par la pénurie. Appeler les étudiants à la rescousse. Voilà, en bref, le plan d’attaque de la Haute Ecole pédagogique Berne-Jura-Neuchâtel (HEP-Bejune) pour lutter contre la pénurie d’enseignants qui guette les trois cantons.

Hier, la direction de la HEP a convoqué la presse pour annoncer l’entrée en vigueur dès la rentrée d’août d’un nouveau programme de formation par l’emploi permettant, comme l’a indiqué le doyen de la formation primaire de la HEP-Bejune, Fred-Henri Schnegg, de "mettre les étudiants en dernière année (réd: 3e année) à disposition des écoles qui manquent de personnel".

Une pierre, deux coups

Plébiscité non seulement par la HEP mais aussi par les syndicats des enseignants et les trois cantons concernés, le nouveau système entend ainsi proposer aux étudiants en fin de cursus d’assumer des mandats de remplacement à part entière en lieu et place des traditionnels stages de formation - durant lesquels ils assistent un enseignant confirmé.

Une manière de faire d’une pierre deux coups, à savoir combler un manque de personnel tout en confrontant l’apprenti aux réalités du terrain. "Avec ce type de pratique, l’étudiant se retrouve véritablement autonome et apprend à gérer au mieux les diverses facettes du métier" , estime Michel Matthey, responsable de la pratique professionnelle pour la HEP sur le site de La Chaux-de-Fonds. Assez expérimentés, les enseignants en herbe pour être lâchés dans la nature? Michel Matthey de rétorquer que les étudiants seront toujours coachés: "Ces derniers seront certes plus autonomes mais seront encore suivis et évalués par des mentors."

L’arrivée des étudiants de la HEP sur le marché du remplacement scolaire devrait en outre participer à soulager les écoles, de plus en plus contraintes d’embaucher du personnel issu d’autres domaines professionnels. Des enseignants improvisés qui, comme le souligne Fred-Henri Schnegg, se révèlent au final souvent incompétents.

Pas de concurrence

Afin de pallier au mieux la future pénurie, la direction de la HEP entend fournir à l’avenir une main-d’oeuvre enseignante tout au long de l’année scolaire. Pour ce faire, le plan d’étude de la 3e année de HEP a ainsi dû être réajusté. "Nous séparerons les classes en deux groupes qui alterneront entre périodes de cours et périodes sur le terrain" , détaille Michel Matthey. Le nombre de semaines dévolues à la pratique a, de plus,été revu à la hausse, passant ainsi de 12 à 18 semaines. Pas de changement toutefois du côté du taux d’heures de cours théoriques. "Ceci pour garantir la même qualité de formation qu’au préalable" , assure Fred-Henri Schnegg, qui admet que "les étudiants devront donc cravacher pour cette dernière année d’étude" . A noter encore que les étudiants seront rémunérés pour le travail effectué lors des périodes de stage.

Hier, les représentants de la HEP ont encore mis un point d’honneur à garantir ne pas chercher à voler les postes de professionnels déjà en place sur le marché du travail. "Si les places de remplacements viennent à manquer pour nos élèves, nous leur trouverons des occupations pratiques annexes" , promet Fred-Henri Schnegg, qui cite à titre d’exemple les cours d’appui pour élèves allophones ou en difficulté scolaire ou encore le partage de tâches avec un enseignant en charge d’une classe dont l’effectif est important. "Le nouveau système reste ainsi efficient même si la pénurie se résorbe et est donc applicable en tout temps" , se félicite le doyen de la formation primaire.

A l’inverse, on pourrait encore se demander si les effectifs de la HEP suffiront à combler le manque d’enseignants. Un peu embarrassés, les représentants de la HEP ont avoué hier ne pas trop savoir sur quel pied danser à ce propos. "Il y a une tendance qui se dessine, mais l’ampleur du phénomène reste très difficile àévaluer" , concède Fred-Henri Schnegg. Selon les projections, un appel d’air serait attendu pour août 2014 dans le Jura, et probablement pour 2017 du côté du canton de Berne et du Jura bernois. Rien n’est cependant moins sûr. "Quoi qu’il en soit, ce nouveau système permet d’anticiper une possible difficulté et à donc toute sa raison d’être", estime le doyen de la formation primaire.

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