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Petites leçons d’après-Covid…

Soumis par Pierre-Alain Porret le 26 juin 2020
Ensemble (photo de John Schnobrich, unsplash)

À l’heure où j’écris ces lignes, l’heure est presque déjà à une certaine euphorie. Le taux d’infection au coronavirus étant tombé au plus bas, les autorités viennent d’annoncer la fin progressive des mesures de semi-confinement. Les élèves de l’école obligatoire ont retrouvé leurs classes et ceux du post-obligatoire le feront bientôt. Dans la dernière ligne droite avant les vacances, on est pris par l’envie d’un premier bilan de cette crise sanitaire inédite. En attendant la deuxième vague ?

Pendant plus de deux mois, élèves et enseignant·es de notre pays ont vécu une expérience à laquelle ils n’étaient que peu préparés : l’école à distance. Beaucoup a été dit et écrit sur ce sujet. Il sera passionnant de découvrir les différentes enquêtes qui seront menées ces prochains temps pour mieux appréhender la manière dont chacun·e a traversé cette période.

Dans notre canton, beaucoup d’enseignant·es ont dû, en un week-end, découvrir Pronote pour communiquer avec leurs élèves. Si ce logiciel s’est avéré utile et intéressant, force est de constater que beaucoup de familles n’ont pas réussi à s’y adapter aussi rapidement. Il a fallu donc tester d’autres outils. Revenir au bon vieux cahier de fiches polycopiées. Utiliser des envois postaux, le téléphone (ça fonctionne encore), le courriel… et même des applications plus controversées, comme Whatsapp, Skype ou Youtube.

Au final, de grandes différences apparaissent, entre les enseignants généralistes qui doivent prévoir beaucoup d’activités pour un nombre limité d’élèves, et les spécialistes qui peuvent utiliser une activité plusieurs fois, mais gèrent un grand nombre d’élèves. Si les maîtres de classe ont réussi à garder un lien étroit avec les familles, cela a été bien plus compliqué pour les intervenants ponctuels, qui avaient l’impression de surcharger les familles avec leurs demandes. Certain·es collègues ont gardé confiance et ont apprécié chaque signe positif de leurs élèves. D’autres se sont fait beaucoup de soucis, préoccupés par les enfants qui ne donnaient aucune nouvelle. Alors que d’aucuns ont cherché à vérifier toutes les tâches demandées, d’autres ont choisi de faire confiance aux familles en les laissant corriger elles-mêmes les devoirs effectués. Pour certaines branches spéciales (couture, activités ménagères, travail sur bois…) il a fallu vraiment développer des trésors d’imagination. Et que dire des responsables du soutien pédagogique ou des orthophonistes, pour lesquels le défi était immense…

Comme dans toute crise, la communication a joué un rôle essentiel. Tout le monde a admiré la maîtrise et l’autorité du Conseil Fédéral. Toutefois, au moment où chaque semaine les directives changeaient, où chaque canton, puis chaque direction d’école réécrivait constamment ses consignes, beaucoup se sont senti·es désécurisé·es. Lors de la reprise des cours, en particulier, le fait que chaque collège interprète à sa manière les consignes a généré bien des questions et des inquiétudes, tant chez les enseignant·es que chez les parents.

La première leçon à tirer de tout cela ? Une formidable confiance en l’humain ! Il est extraordinaire de constater que la plupart les enfants ont bien vécu cette période. De se rendre compte de l’énorme travail fourni par les parents pour les accompagner, par les enseignant·es pour les guider, par les responsables scolaires pour gérer cette crise au mieux. L’espace de quelques semaines, c’est l’ensemble de la société qui a totalement bouleversé ses habitudes pour mettre en échec un virus agressif.

La deuxième leçon ? Cette même solidarité qui a uni toute la Suisse derrière un but commun ne doit pas rester sans suite. Nous avons besoin de modifier notre mode de vie dans son ensemble pour faire face à des défis majeurs, comme le changement climatique par exemple. Nous devons de même repenser l’école pour la préparer aux défis de la société numérique, harmoniser nos pratiques à l’échelon romand et fédéral, développer nos propres outils informatiques pour éviter la dépendance aux GAFAM, compléter l’enseignement «papier» par le virtuel, équiper chaque enseignant·e et chaque élève d’outils non seulement modernes, mais surtout adaptés à leurs besoins développementaux.

Plus que jamais, les professionnel·les de l’enseignement doivent s’unir pour continuer d’inventer l’école ensemble, plutôt que de subir passivement le changement. Et les syndicats sont l’outil idéal pour regrouper les forces et porter la voix de celles et ceux qui travaillent sur le terrain. Le SER et le SAEN continueront de s’engager résolument dans cette voie. Ils vous remercient pour votre soutien et votre enthousiasme !

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Publié le
ven 26/06/2020 - 11:48
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