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Question de confiance

Soumis par Pierre-Alain Porret le 22 mars 2019
Un des documents utilisés pour inventorier les compétences des enseignants

Depuis la réforme de 2012, tou-te-s les enseignant-e-s de l’école obligatoire neuchâteloise ont été placé-e-s sous l’autorité de directions scolaires professionnelles. Afin « d’harmoniser les attentes de tous les acteurs engagés dans l’enseignement 1  », il a été institué un cadre de référence des enseignants, qui consiste en un dispositif comprenant une visite de classe par le-la directeur-trice de cycle, suivi d’un entretien individuel, tous les quatre ans environ.

L’intention est excellente. Un document très structuré a été créé, listant de manière exhaustive toutes les compétences potentiellement mises en œuvre par un-e enseignant-e sur le plan didactique, dans les relations qu’il favorise avec ses élèves et leurs familles, ainsi que dans sa loyauté vis-à-vis de l’institution scolaire et des exigences posées par celle-ci. Chaque chapitre (enseignement, relations et institution) est détaillé en multiples composantes, lesquelles sont déclinées sous forme d’objectifs à atteindre et de critères permettant leur évaluation. Le tout dresse un portrait très convaincant de ce que devrait être l’enseignant idéal de notre époque.

Après avoir posé cette image de super-enseignant, on a aussi créé un guide de l’entretien individuel, permettant aux directrices et directeurs de s’entretenir avec leurs subordonné-e-s.

Selon les directives, « l’entretien individuel est un moment privilégié pour faire le point de la situation et dresser un bilan entre l’enseignant-e et son-sa responsable hiérarchique. En tant que tel, il ne doit pas être utilisé comme un moyen de sanction. C’est également un outil qui favorise la communication, la responsabilisation et la motivation.

L’entretien se déroule dans un lieu propice sans risque de dérangement. Un temps suffisant doit y être consacré pour un véritable dialogue, car c’est un moment dans lequel l’écoute et la compréhension mutuelles sont privilégiées. »

De la théorie à la pratique...

Début janvier, le SAEN a diffusé un questionnaire, afin de se faire une idée plus précise de la manière dont le cadre de référence est vécu aux cycles 1 et 2.

A notre grande satisfaction, nous avons reçu une large majorité d’avis favorables. Ainsi donc, dans la plupart des cas, cet outil d’évaluation professionnelle est bien utilisé, permettant de valoriser le travail de nos collègues, d’ouvrir un vrai dialogue avec leur direction, de suggérer des pistes d’amélioration ou de formation personnelle, de déceler d’éventuelles difficultés et d’y apporter des réponses appropriées.

Hélas, dans un certain nombre de situations, nous devons aussi déplorer des dysfonctionnements. Lorsque cet outil sert à sanctionner plutôt qu’à évaluer, à asseoir l’autorité au lieu de favoriser la collaboration, il peut s’avérer déstabilisant, voire destructeur. Ceci s’est malheureusement produit à plusieurs reprises.

Déni de confiance ?

Faut-il le rappeler ? Aucune évaluation n’est productive sans une réelle relation de confiance. Ainsi, dans la manière dont le cadre de référence est abordé, dans la façon dont la personne responsable crée un vrai climat de dialogue et de respect, se joue le succès ou l’échec de l’opération. Aucun-e enseignant-e n’osera avouer ses doutes, ses craintes ou ses échecs si cela peut se retourner contre elle/lui. Par contre, dans une vraie relation de partenariat, ce moment important peut être source d’une nouvelle motivation, d’un nouvel élan dans le métier passionnant mais si exigeant que nous pratiquons.

1 Les citations sont tirées des documents neuchâtelois officiels concernant le cadre de référence.


PDF de la page (extrait de l'Educateur 03/2019)

PDF des pages neuchâteloises de l'Educateur 03/2019

Publié le
ven 22/03/2019 - 21:58
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