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Tu seras une femme, ma fille !

Soumis par Pierre-Alain Porret le 25 janvier 2019
Fabienne Marsaudon (Ouest France, fév. 2013)

Dans notre société en perpétuel mouvement, les pressions sur l’école sont parfois difficiles à gérer, mettant souvent en difficulté les divers acteurs et actrices de cette institution. Dans le tourbillon de réformes que cela induit, certains éprouvent le besoin de souffler un peu afin de se consacrer mieux au véritable objectif de leur action : former les adultes de demain.

Le poème de Fabienne Marsaudon1 (tout comme celui de Rudyard Kipling1), nous ramène à une vision moins technique et économiste du développement humain. On y parle du domaine des émotions, du ressenti, d’un équilibre intérieur qui permet d’affronter les tempêtes de l’existence sans se laisser détruire par les difficultés. On n’y considère pas la vie comme une course dans laquelle il s’agit de réaliser ses rêves, d’amasser des connaissances ou des richesses, de conquérir de nouveaux territoires. Au contraire, il s’agit d’éviter de se laisser asservir par ses pulsions, de s’accomplir en se domestiquant soi-même plutôt que ce (ou ceux) qui nous entoure.

Dans la nature...

Il est curieux de constater que la science actuelle révèle un fonctionnement du vivant beaucoup moins compétitif que ce que nous avions l’habitude de penser. Selon Richard Powers1, « les arbres sont des créatures sociales et sociables, et communiquent entre eux. Ils se défendent même mutuellement contre les menaces extérieures. Ils s’entraident, lancent des messages d’alerte, des composés organiques volatils portés par le vent. Il n’y a pas d’individu isolé dans la forêt.

Une connaissance plus approfondie de la forêt peut nous apprendre que nous avons mal compris l’évolution darwinienne. Nous avons peut-être construit notre propre culture autour d’une méprise, cette idée que l’évolution se résume à la survie du plus fort. C’est complètement erroné. En fait, ce sont les organismes les mieux adaptés à leur environnement qui survivent. Et leur environnement est fait d’autres êtres vivants. Au lieu de cette notion de combat, de compétition comme moteur de toute chose, nous commençons peu à peu à réaliser que pour chaque action compétitive, il existe de nombreux actes de collaboration. »

Ainsi donc, même au sein des laboratoires les plus sophistiqués, surgissent de surprenantes réflexions. Cela nous rappelle les animismes de nos ancêtres, lesquels possédaient une conscience des forces de la nature que nous avons, hélas, sacrifiée au progrès.

... et à l’école.

Ces dernières années, l’école a subi de fortes pressions pour développer l’apprentissage des langues ou pour mieux prendre en compte la numérisation de la société. Il serait infiniment regrettable que toutes ces injonctions « raisonnables » nous fassent perdre de vue ce que les auteur-e-s du plan d’étude romand ont eu la sagesse de mettre en avant. Si les compétences techniques sont importantes, elles ne peuvent être utiles dans le projet de formation que si elles sont solidement ancrées dans un développement global des élèves, par le biais de la formation générale et des capacités transversales.

Alors, prenons du temps pour soigner en classe le vivre ensemble, les interdépendances, la communication et la collaboration… au nom du PER !

Publié le
ven 25/01/2019 - 16:51
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