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Un coup d’épée dans l’eau ?

Soumis par Pierre-Alain Porret le 22 février 2019
Abandon de l'initiative pour une école équitable et efficiente

En août 2018, la FAPEN1, le SSP-RN2 et le SAEN3, inquiets de certaines dérives de l’école neuchâteloise, ont décidé d’ouvrir le débat en lançant une initiative « pour une école équitable et efficiente ».

Mais il y a parfois loin de la coupe aux lèvres… Après les six mois de récolte accordés par la loi, le comité d’initiative regrette de devoir annoncer que les 4500 paraphes n’ont pas pu être récoltés à temps.

Alors tout ça, ça a servi à quoi ?

Au-delà d’une légitime déception, les initiants se réjouissent des contacts utiles et intéressants que leur démarche a provoqués. Pour la première fois, nos trois associations ont œuvré ensemble à un projet novateur, c’est remarquable. Pendant un semestre, de nombreuses rencontres à tous niveaux leur ont permis de débattre sur les spécificités de notre système scolaire. Les médias se sont fait l’écho de nos préoccupations, les enseignants en ont parlé dans les salles des maîtres et les parents d’élèves ont pu y réfléchir. Les personnes qui se sont engagées dans la récolte des signatures ont rencontré la population dans la rue, discuté avec les autorités scolaires et argumenté avec les partis politiques.

D’une manière générale, une prise de conscience se fait jour de la complexité excessive des structures de notre école et du questionnement qu’il s’agit de lancer à propos de l’efficacité d’un système qui n’a cessé de s’alourdir depuis plusieurs années, en particulier depuis la régionalisation en 2012.

Oui, bon, et après ?

Il ne faut pas se bercer d’illusions. La période des restrictions budgétaires n’est pas encore terminée pour notre canton. Et c’est justement le fossé qui se creuse entre un État aux prises avec des difficultés financières et une organisation scolaire compliquée, toujours plus coûteuse, qui nous interpelle. Si les moyens diminuent, assurons-nous que les ressources soient attribuées là où les besoins sont les plus évidents, dans les classes, sans gaspillage administratif inutile.

Certains, à juste titre, nous ont fait remarquer que la relative indépendance accordée actuellement aux cercles scolaires permet l’émergence de pratiques différenciées et adaptées aux contextes régionaux. C’est une réalité que nous saluons. Nous aimerions d’ailleurs que les meilleures pratiques locales puissent être généralisées.

Toutefois, nous voyons aussi se creuser certaines inégalités entre régions. Dans ce sens, nous continuerons de rappeler la nécessité d’une meilleure collaboration entre le canton, les communes et les directions. Et comme le système actuel ne sera pas remis en question prochainement, nous rechercherons activement des solutions sectorielles, de cas en cas.

Et pour les enseignants ?

Depuis plusieurs années, nous faisons face à de profonds bouleversements dans notre pratique quotidienne. De très nombreux chantiers (introduction du PER et des MER, nouvelle évaluation, réforme du cycle 3…) ont mobilisé toute l’énergie des acteurs de l’école. Nous ressentons très fortement la lassitude du corps enseignant et sa difficulté — dans ces conditions — à envisager une remise en question d’une organisation de l’école certes imparfaite, mais qui fonctionne. De nombreux collègues souhaitent maintenant respirer un peu, tout en sachant que d’autres changements se profilent encore, comme le défi de la numérisation.

Alors ? Ne baissons pas les bras, et continuons à rêver d’une école qui donne à chaque élève les meilleures chances de s’épanouir !

1 Fédération des Associations de Parents d’Elèves Neuchâtelois
2 Syndicat suisse des Services Publics — région Neuchâtel
3 Syndicat Autonome des Enseignants Neuchâtelois


Voir également Pilotage de l’école – Le combat continue

Publié le
ven 22/02/2019 - 01:00