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Chronique d’une école à l’arrêt - premiers jours

Soumis par SAEN le 23 mars 2020
blog de classe Prima

Mercredi 18 mars, jour 3

Savoir raison garder !

Après l’urgence initiale, on tente de reprendre son souffle !

Mais c’est aussi l’occasion de lever un peu le nez du guidon.
Et puis, comme les enseignant·es sont aussi souvent parents, on se demande si l’ampleur du travail exigé des élèves n’est pas excessive…

On se prend à déplorer que nos enfants soient submergés.
Certain·es collègues en font probablement trop… Et moi ? Comment évaluer la bonne dose ?
Les enfants ne sont pas égaux, il faudrait alors prévoir des parcours alternatifs… Idéalement !

Extrait d’une instruction du Service de l’Enseignement Obligatoire (SEO) :

« Le suivi du programme scolaire dans le cadre de cet enseignement à distance doit tenir compte des circonstances actuelles. Il s’agit avant tout de privilégier une consolidation des acquisitions et non l’introduction de nouvelles notions. En effet, le suivi parental va varier selon la disponibilité et les compétences des parents (par exemple, parents travaillant dans le milieu médical et fortement mobilisés, n’ayant pas accès au télétravail, allophones, etc.) : il faut donc veiller à ce que cet enseignement à distance ne mette pas des élèves durablement en difficulté. »

Ici ou là, on note des attentes contradictoires entre autorités. Certaines posent des limites quand d’autres veulent que leur cercle soit celui qui en fait le plus !

Mardi 17 mars, jour 2

Synthèse :

Dans la plupart des collèges, on assiste à un formidable élan de solidarité. On s’entraide pour l’informatique en premier lieu : créations de blogs, parfois communs, cours improvisés pour la plateforme IClasse, vidéos partagées pour des activités diverses.


Un blog de classe (7e) ; ici une activité en allemand proposée aux élèves utilisant leurs moyens d’enseignement.

Les parents viennent à l’école pour récupérer toutes les affaires des élèves.
La plupart du temps, ça se passe dans la bonne humeur, mais on sent parfois aussi certaines inquiétudes face à la pandémie.
Et puis, il y a celles et ceux qui sont épuisé·es cumulant travail et tâches des enfants.
Les enseignant·es les rassurent en disant qu’il s’agit d’exercices de répétition, qu’on sait bien que tous les élèves ne s’investiront pas de la même manière, pour diverses raisons et que personne ne sera pénalisé par cette situation.

Quant aux élèves, ils expriment leur regrets : à l’école, c’est mieux quand-même ! …

On s’adapte…

  • Le choc initial est en passe d’être surmonté.
    Le moral des troupes remonte. On va y arriver !

  • Dans de nombreux collèges, un tournus présentiel est mis sur pied.
    Le petit nombre d’enfants à accueillir permet à la plupart de travailler depuis leur domicile… mais ça complique la collaboration et l’entraide pour la maitrise des outils numériques. Le télétravail est appelé à s’étendre.

  • Dans les deux premiers degrés, comme les élèves ne savent pas lire, l’utilisation de l’ordinateur était très peu développée et la formation des enseignant·es dans ce domaine n’était pas une priorité. On utilise donc l’ordinateur comme outil de communication avec les familles, mais c’est aussi une découverte pour beaucoup. À ces degrés, les contacts réels étaient fréquents.

  • Dès lundi, les enseignant·es exposé·es en raison de leur santé ont été prié·es de rester à la maison.
    Si souhaité, la possibilité leur est offerte d’aller en classe en-dehors des heures de présence des collègues et des enfants (le soir). Cela doit permettre le recours aux outils et documents inaccessibles depuis le domicile.

  • Tout est bon pour garder le contact avec les élèves et leurs familles.
    Au cycle 3, l’interdiction concernant WhatsApp est parfois volontairement ignorée.... avec la bénédiction des directions.
    Mais on limite son utilisation à des communications générales envoyant vers les plateformes dédiées et sécurisées.

  • Toujours au cycle 3, dans les centres où elle ne gérait que le contrôle des absences, l’utilisation de la plateforme Pronote est souvent étendue aux contacts avec les familles et à l’envoi de documents. Apprentissage sur le tas.
    Soulagement lorsque l’enseignant·e obtient des accusés de réception en retour. Ouf, les échecs rencontrés et finalement surmontés n’ont pas été vains !

Lundi 16 mars, jour 1

Les familles jouent le jeu !

  • Dans les deux premiers cycles (école primaire), plusieurs collèges signalent qu’aucun élève ne s’est présenté ce matin !
    Quand il y en a, ça correspond à moins d’un élève par classe.

  • Quelques enfants sont de passage pour récupérer leurs affaires.

  • Au cycle 3 (secondaire), on observe du va et vient pour emporter son matériel à la maison.

Les enseignant·es au rendez-vous !

  • Partout, les enseignant·es sont sur le pont.
    Très peu d’absents.

  • Les directions visitent les collèges et discutent brièvement avec les enseignant·es.
    À ce stade, c’est surtout pour prendre une photo de la situation avant de proposer des solutions adaptées.

  • Vision surréaliste :
    Les enseignants en réunion de crise dans un hall écartés de 2 m les uns des autres…
     

  • Même s’ils manquent de formation dans ce domaine, les enseignant·es préparent du travail pour leurs élèves sur les plateformes en ligne.
    Ça demande du temps, plus qu’on le voudrait, mais ça avance…
    Chapeau !

  • Soyons réalistes… Les difficultés et l’instabilité (l’inévitable inconnue du lendemain) mettent des grains de sable dans les rouages.
    Rares sont les enseignant·es qui maitrisent réellement les outils numériques, même si on en a parfois l’impression.
    Dans ce contexte, certain·es se replient et se montrent indisponibles au partage et à l’entraide entre collègues.
    Ça tient beaucoup aussi aux liens préexistants dans l’équipe… ou à leur absence occasionnelle. À méditer pour la reprise !

  • Plusieurs enseignant·es — des premiers degrés surtout — ont joué les facteurs lundi après-midi…
    Ils/elles ont fait le tour des domiciles de leurs élèves pour déposer des documents (cahier d’activités) dans les boîtes aux lettres.

Publié le
lun 23/03/2020 - 08:32
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