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Le corps enseignant sous pression

Soumis par John Vuillaume le 23 septembre 2022
(pixabay)

Comme dans tous les corps intermédiaires, quel que soit le secteur (public, privé, parapublic), la numérisation met une pression supplémentaire sur les collaborateurs et les collaboratrices. D’autant plus que les finalités de l’action professionnelle apparaissent totalement schizophrènes: former les élèves, mais en créant un échec scolaire massif, soigner mieux les patient·es en moins de temps et avec un encadrement plus restreint, assurer des spectacles de qualité avec de moins en moins de moyens. Éclairage sur une profession que je connais bien (je la pratique depuis vingt-cinq ans): l’enseignement.

Juin 2022. Une fin d’année scolaire bien chargée, comme les précédentes. Les surplus de travail y ont toujours existé. Mais le recours intensif à des outils informatiques de plus en plus perfectionnés a permis d’institutionnaliser ce trop-plein en le rendant quasi-permanent, en comblant tous les trous qui pourraient apparaitre dans l’emploi du temps du corps enseignant. Serait-ce une manière de compenser les vacances et les jours fériés par une augmentation de la charge de travail ordinaire tout au long de l’année?

En plus du contrôle continu, exercé par les directions d’école, de l’avancée de certaines tâches avec la remontée régulière auprès d’elles de documents administratifs et pédagogiques de plus en plus nombreux, tout semble fait pour ne plus laisser d’interstices dans nos activités, avec même, suprême arnaque, l’injonction qui nous est faite de nous organiser en dehors de l’horaire normal pour placer des suivis pédagogiques supplémentaires, comme tous les travaux personnels!

Je ne vois aucune perspective constructive à cette évolution, avec simplement des burnouts devenus de plus en plus courants dans la profession enseignante, des maladies plus fréquentes et des absences ponctuelles de plus en plus nombreuses.

Personne, dans la hiérarchie administrative, ne semble conscient des dangers potentiels et réels de cette mise sous pression permanente. Que faire pour améliorer les choses? Sans un mouvement syndical fort dans les services publics, la messe semble être dite.

Un espoir: après des années d’un individualisme forcené, il semblerait que les jeunes générations de fonctionnaires soient sur le point de renouer avec des combats syndicaux de type collectif.

Les mirages médiatiques exaltant la société numérisée mise en place par les réseaux se dissipent: notre vie quotidienne a en effet été bouleversée par le recours intensif à l’informatique dans tous les domaines de notre existence, mais la nature humaine est restée la même.

Les ravages de la numérisation étant devenus perceptibles pour chacune et chacun (sauf pour certain·es dirigeant·es politiques toujours en retard d’au moins une guerre), le moyen le plus efficace de s’y opposer est bien sûr l’action collective. Un retour de manivelle salvateur qui n’est pas encore assez marqué à mon gout. Il y aurait peut-être lieu que les anciennes donnent un petit coup de main aux nouveaux et aux nouvelles, juste pour les aider à être efficaces plus rapidement, car la détérioration des conditions de travail dans la fonction publique intermédiaire nécessite une réaction rapide.

Publié le
ven 23/09/2022 - 00:02
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