Aller au contenu principal

Patate chaude

Soumis par Brigitte Hofmann le 21 octobre 2022
Affiche Journée syndicale 2022

Le canton de Neuchâtel se lance dans un ambitieux projet d’école inclusive visant à mieux intégrer les élèves en réallouant les ressources entre enseignement spécialisé et «ordinaire». Concrètement, ces classes accueilleront des enfants jusqu’ici dirigé·es vers des classes de formation spéciale ou des institutions. Ceci, nous promet-on, en bénéficiant de l’aide directe d’enseignant·es spécialisé·es dans les classes.

Beaucoup d’enseignant·es restent perplexes face à ces promesses. En soi, l’inclusion des enfants à besoins particuliers, que ce soit dû à un handicap physique ou un trouble de l’apprentissage, nous semble un objectif évident que nous nous devons d’atteindre. Toutefois, nous gérons déjà des classes parfois très compliquées, notamment à cause d’enfants présentant un trouble du comportement. Et force est de constater que les autorités semblent disposer de peu de moyens pour venir en aide à des enseignant·es en pleine détresse.

Qui n’a pas connu, de près ou de loin, la situation de ces collègues qui gèrent dans un collège ou un centre des enfants au comportement inadapté, poussant les enseignant·es au burnout et empêchant leurs camarades de classe de vivre sereinement leur scolarité? Ces enfants, on les balade d’une classe à l’autre, sans se préoccuper du problème de fond à l’origine de leur dysfonctionnement. Quelques enseignant·es réputé·es particulièrement charismatiques, et donc aptes à gérer de telles situations, héritent ainsi régulièrement de la «patate chaude». Il est particulièrement douloureux de voir ces collègues dévoué·es vaciller sous le poids accumulé durant des années. Cela d’autant plus que malgré l’épuisement de ces véritables rocs de l’enseignement, le problème n’a toujours pas été empoigné à la racine. Le carrousel des changements de classe continue ainsi à tourner, détruisant fatalement d’autres enfants, d’autres ambiances de classe et d’autres enseignant·es. Alors, avant de parler d’inclusion, nos autorités devraient peut-être s’attaquer à cette problématique et rechercher des solutions satisfaisantes pour toutes les parties. Devant le constat d’échec de la prise en charge d’enfants à comportement inadapté, le corps enseignant est peu enclin à croire à un soutien efficace permettant à des élèves à besoins particuliers de trouver leur place dans une classe ordinaire.

Le SAEN abordera la thématique de l’inclusion lors de l’après-midi de sa journée syndicale du 2 novembre prochain à Cernier en présence de Crystel Graf, cheffe du Département de la formation, de la digitalisation et des sports (DFDS). Nous vous attendons nombreuses et nombreux pour pouvoir échanger avec elle et les autres intervenant·es sur la mise en place d’outils permettant de relever ce défi de taille.

Publié le
ven 21/10/2022 - 00:05