Aller au contenu principal

Économies: une balle dans le pied

Soumis par SAEN le 24 janvier 2017

Bonne réponse, mauvaise question

Évidemment, comme tout le monde, le SAEN a condamné et condamne toujours ces économies réalisées dans le système éducatif le moins cher du pays (en coût par élève). Ses représentants l’ont dit et redit lors de la rencontre DEF-Syndicats du 9 janvier; ils le répéteront le 25 janvier lors de la prochaine de ces rencontres.

NON est la seule réponse possible.

Mais, contrairement à ce que certains donnent à penser, la question n’est pas «êtes-vous d’accord d’économiser 6 millions?» (ou 4,6 millions), ni même «êtes-vous d’accord de sacrifier une période par année au cycle 2?».

Le paquet de 100 millions d’économies du Conseil d’État est le résultat d’un marchandage politique entre autorités. C’est l’une des conditions qui ont permis l’adoption d’un budget pour 2017. Dans ce triste paquet, qui vaut par exemple au personnel de travailler une heure de plus par semaine, des économies ont été exigées du DEF.

Le syndicat peut (et doit même) exprimer son refus, mais, objectivement, les services auprès desquels le gouvernement a prévu de prélever le solde des 100 millions peuvent vraisemblablement en dire autant.

Bref, que ça plaise aux syndicats ou non, le DEF doit réaliser un paquet de millions d’économies dès la prochaine année scolaire.

La cheffe du département et ses services pensent avoir fait les propositions qui évitent le pire. Ont-ils tort? Peut-être que oui, peut-être que non...

Alors, ces 4 périodes?

La vraie question est donc — hélas — de savoir si on préfère que les effectifs reprennent l’ascenseur pour conserver ces 4 périodes.
Jusqu’ici, c’est toujours la mesure qui a été privilégiée en pareille situation par les gouvernements successifs.
La cheffe du DEF affirme vouloir absolument éviter les hausses d’effectif (incompatibles avec les efforts affichés pour la santé des enseignants)...

  • Il devrait donc y avoir une heure de moins pour un bon tiers des élèves (36 %). Pas génial!

    Cela dit, en comparaison avec nos voisins, on passera de 29 à 28 périodes en 5e (27 dans le Jura bernois et 28 au Jura), on passera de 29 à 28 périodes en 6e (28 déjà à BE et JU), on passera de 32 à 31 périodes en 7e (32 à BE et 30 au JU), enfin on passera de 31 à 30 en 8e (32 à BE et 30 au JU).

  • Sur l’ensemble du cycle 2, la somme des périodes hebdomadaires des élèves neuchâtelois s’élève à 117, 119 chez les Bernois, 116 chez les Jurassiens.

    Si on retire la période de culture religieuse incluse dans les grilles bernoise et jurassienne (spécificités cantonales), il reste 117 périodes à Neuchâtel, 115 dans le canton de Berne et 113 dans le Jura. Bref, ça reste très proche... et, dans l’espace BEJUNE, au cycle 2, les élèves neuchâtelois restent ceux qui consacrent le plus de temps aux branches scolaires du PER.   

Défense de l’emploi

Le SAEN défend l’emploi. Le retrait des 4 périodes réduira les heures de travail et coûtera des postes, environ 3 % au cycle 2, soit une douzaine de classes (sur 378 actuellement).
Le problème est que si les autorités jouent sur les effectifs, cela aboutira, grosso modo, au même résultat... puisque le but est justement de réaliser des économies sur les charges salariales.

Maigre consolation, les départs à la retraite des babyboomers réduisent l’impact sur l’emploi, mais il n’en reste pas moins que la baisse de l’offre sera une incitation supplémentaire pour les jeunes enseignants d’aller débuter leur carrière dans une autre canton!

Après l’école obligatoire

Les formations postobligatoires n’échappent pas à la frénésie d’économies. Celles-ci apparaîtront toutefois pour l’essentiel avec une année de décalage.

Plus que jamais, le DEF veut renforcer le modèle de formation duale (apprentissage en entreprise). L’offre actuelle en écoles à plein temps (CIFOM, CPLN, ...) sera à terme fortement réduite. L’État promet que ce sera fait avec discernement pour ne pas mettre en danger des formations dont notre canton a besoin et que le secteur privé n’assure pas suffisamment.

Dans les lycées, il y a tout lieu de craindre des classes à effectif gargantuesque puisque le DEF entend imposer une moyenne de 23 étudiants par classe. Cela signifie évidemment qu’il y aura des classes plus légères... mais aussi d’autres avec un nombre assez hallucinant d’élèves, dépassant allégrement les 25!
Dans ces conditions, les enseignants seront contraints d’abandonner leurs efforts d’individualisation, limiteront les travaux les plus chronophages et manqueront de temps et d’énergie pour épauler les étudiants susceptibles de décrocher.

Bilan

Les économies ont toujours un coût! Pour un canton tel que le nôtre, couper dans la formation, c’est se tirer une balle dans le pied...

Il faudrait pouvoir refuser l’ensemble des mesures (ce ne sont pas les arguments qui manquent). Mais ce n’est tout simplement pas possible dans les délais administratifs imposés.

Passées les élections (2 avril), il faudra revoir de fond en comble l’organisation du pilotage du système éducatif de notre canton.

Piste de réflexion

Une spécificité du DEF (comme des DIP des autres cantons) est le part prépondérante des salaires dans ses charges. C’est aisément compréhensible.
Ce qui l’est moins, c’est l’augmentation constante des coûts salariaux annexes (non destinés aux salaires des enseignants); au point que Neuchâtel est désormais le canton romand où cette part est la plus grande. Et des indices portent à croire que 2015 n’amorcera pas le reflux! Voilà qui mérite réflexion.

La part          des salaires dédiée aux enseignants ne cesse de se réduire          (données OFS 2016)NE: Dépenses publiques d’éducation (canton + communes) - OFS 2016

Mots-clés associés