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Cris et chuchotements

Soumis par Pierre Graber le 20 février 2015

Celle ou celui qui a débarqué dans une salle des maîtres en ce début d’année a probablement été frappé par la grogne ambiante. Plusieurs raisons peuvent expliquer la tension perceptible parmi le corps enseignant. Une fois encore, nos autorités peinent à faire preuve de discernement.

Bien sûr, parmi les sujets qui fâchent, il y a d’abord la progression injustement amputée servie à celles et ceux qui n’ont pas encore atteint leur maximum salarial. Concrètement, leur fiche de salaire mentionne le même échelon (haute paie) qu’en décembre et la prime accordée représente moins de la moitié, voire du tiers, de ce qu’on était en droit d’attendre.

Attaques sur les salaires et hausse des charges

Si une moitié du corps enseignant est visée par ces attaques sur le salaire, c’est l’ensemble qui est déstabilisé et cela à tous les degrés… Panorama1:

Au cycle 1, la nouvelle évaluation a été mise en place «à la hussarde» et est entrée en vigueur d’un coup au début de l’année scolaire pour l’ensemble du cycle. Tout le monde convient maintenant que c’était une erreur; il aurait bien sûr fallu procéder par étapes, une année après l’autre. Face à aux collègues décontenancés, malgré leur indéniable bonne volonté, les responsables du dossier et les animatrices sont dans l’impossibilité d’apporter une aide de proximité; les séances d’information sont perçues comme une charge supplémentaire, car on y reçoit davantage de consignes que de solutions concrètes. Mettre en œuvre un nouveau dispositif ambitieux dans ces conditions tient de la gageure.

Dans la foulée, il y a évidemment urgence à concevoir un mode d’évaluation pour le cycle 2, puisque les élèves qui entameront leur 5e en août sont actuellement soumis au nouveau dispositif du cycle 1. La précipitation qui a marqué l’introduction au cycle 1 contraint donc à imaginer dans l’urgence de nouvelles solutions en 5e… avant même d’avoir pu faire le bilan de la phase antérieure2.

Quant à la réforme du cycle 3, elle est déjà en cours, même si ça ne se voit pas trop. Les classes de 8e ne sont plus conçues pour sélectionner les élèves et, du coup, leur effectif comprend les élèves qui formaient auparavant les classes de transition. Des moyens ont été alloués pour permettre de gérer cette nouvelle hétérogénéité, mais leur utilisation varie beaucoup d’un centre à l’autre et tous les outils ne sont pas forcément disponibles au moment où on en a besoin; tout cela exige un engagement accru des enseignants.

À quelques mois des premiers cours à niveaux (français et math en 9e), le moins que l’on puisse dire est que les récentes séances d’information ont peu rassuré les enseignants inquiets face à la gestion de l’hétérogénéité. Et puis, pour ne rien arranger, devant une demande plus importante que prévu de formation complémentaire des généralistes, voilà qu’on se montre plus royaliste que le roi pour en ouvrir l’accès. Cela sera probablement corrigé, mais ça fâche inutilement!

Enfin, entre réorganisation des lycées et remise en question de certaines filières professionnelles, les enseignants des formations post-obligatoires ne sont pas vraiment plus rassurés.

Mais, à part ça, Mme la Marquise…

Pierre Graber

1non exhaustif, hélas 
2Nous avons insisté pour que le nouveau mode d’évaluation au cycle 2 ne soit pas introduit d’un bloc, mais année après année, ce qui apporte un peu de souplesse.

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