Un article paru dans ArcInfo en janvier1 a provoqué des interrogations. Certain·es lecteur·rices ont ainsi considéré que le fait de soutenir une très légère hausse du seuil d’accès au niveau 2 du cycle 3 revenait à encourager l’élitisme dans notre école. Évidemment non! Depuis toujours, le SAEN s’est au contraire battu pour que chaque élève ait accès à une vaste gamme de formations.
Idéalement, peut-être ne devrait-il pas y avoir de répartition des élèves en groupes selon leurs capacités supposées. Plusieurs pays démontrent que c’est possible, mais cette idée est sans doute encore loin d’être envisageable chez nous… Face à un système actuel qui n’est certainement pas idéal, un syndicat se doit de soutenir toute mesure contribuant à améliorer son fonctionnement. Pour être en mesure de mieux faire leur travail, une forte majorité des enseignant·es du cycle 3 considère qu’il faut plus clairement distinguer les deux niveaux dans les cinq branches concernées. Le but est de placer chaque élève dans le groupe qui lui convient le mieux2. Si ce n’est pas le cas, il·elle peut être mis·e en grave difficulté. À la perte d’estime de soi et de motivation s’ajoute la pression parentale avec de fréquentes disputes. Les dégâts peuvent alors être terribles et l’enfant s’épuise totalement. À trop vouloir pousser un·e élève qui, à ce moment-là, n’était pas encore prêt·e, on obtient alors l’effet inverse!
Fautes originelles
Notre société est ainsi faite que celles et ceux qui ont bénéficié d’une formation académique (et universitaire) ont généralement accès à des salaires très largement supérieurs aux autres. Peut-on alors en vouloir aux parents qui poussent exagérément leur enfant dans cette voie? Le problème est de toute évidence sociétal et non scolaire…
Et puis… il y a la pingrerie des politicien·nes!
Un accord intercantonal sur la reconnaissance des diplômes de fin d’études (ORM)3 a conduit à l’adoption à l’échelon fédéral d’un Règlement sur la reconnaissance des certificats de maturité gymnasiale (RRM) en janvier 1995. Le cursus du gymnase (lycée académique) y est défini en quatre ans. Mais une poignée de cantons, dont le nôtre, se sont battus pour y faire inscrire la phrase suivante: «Un cursus de trois ans est possible lorsque le degré secondaire I comporte un enseignement de caractère prégymnasial.» Notre 11e année ne relève donc plus vraiment du cycle 3, mais déjà du secondaire II (y compris pour le niveau 1)!
Tant que l’on ne revoit pas cette anomalie, toute réforme du cycle 3 dans notre canton est bridée par les exigences de la RRM… malgré les meilleures intentions du monde!
1 Le seuil d’admission au niveau 2 sera relevé (Arc Info 23 janvier 2021, page 3).
2 Rappelons qu’en 9e et 10e, la question est réexaminée à chaque semestre.
3 Le 18 février 1993