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L’art de marquer contre son camp...

Soumis par Pierre Graber le 20 novembre 2014

Le 23 octobre dernier, la HEP-BEJUNE procédait à la cérémonie de remise des titres 2014 au Palais des Congrès de Bienne. La presse régionale s’en est fait l’écho. La lecture parfois fastidieuse de la liste des 241 lauréats a suscité une question dans mon esprit. L’enseignement exercerait-il moins d’attrait pour les Neuchâtelois que pour nos voisins ?

Source: HEP-BEJUNEUne rapide consultation de la HEP-BEJUNE tend à confirmer l’impression laissée par ma lecture. Alors que le nombre total d’étudiants suit une courbe ascendante, la part des Neuchâtelois stagne, quand elle ne régresse pas. De fait, elle n’a été si faible qu’en 2008. Proportionnellement aux effectifs jurassiens, sa faiblesse ne reflète pas le rapport démographique ; en 10 ans, on est passé de 63 % (à peine au-dessus du rapport) à 45 % (nettement en dessous).

... et de marcher sur la tête

Depuis cet été, il ne se passe pratiquement pas de semaine sans que les difficultés de notre métier soient évoquées dans la presse. En même temps, comme cela a déjà été dénoncé, les mesures d’économie n’épargnent pas l’école.

Comme si cela ne suffisait pas, voilà que notre Conseil d’État de gauche1 ose présenter un projet de mesures salariales pour 2015 qui pénalise gravement les jeunes enseignants et plus particulièrement les jeunes femmes de 25 à 40 ans2. Au moment de rédiger ce texte, on ne perçoit aucun signe de remise en question des mesures propres à dégoûter nos jeunes collègues de faire carrière dans le canton de Neuchâtel.

Exercice de « management » apocalyptique

Que la logique partisane s’impose à l’esprit de nos éminents politiciens, on peut l’entendre (!), mais il n’est peut-être pas indispensable d’aller jusqu’à l’autogoal.

Tout le monde a eu l’occasion une fois ou l’autre de voir le chef du SEO brandir ses statistiques et, en particulier, la pyramide des âges des enseignants neuchâtelois.

Problème : Connaissant le nombre assez considérable de départs à la retraite à compenser durant les 10 prochaines années, comment assurer la relève ?

Source: Memento statistique de l'école neuchâteloise 2013-2014Dans le privé, qu’on nous sert si souvent en exemple, on commencerait probablement par rendre attractif le métier. On essaierait sans doute de débaucher chez le concurrent.

Eh bien, chez nous, on va justement moins payer les jeunes enseignants !

Par la suite, comme la pénurie s’accentuera et qu’on manquera toujours de forces vives, on gonflera encore les effectifs, ce qui achèvera de décourager les meilleures volontés. Finalement, on engagera du personnel sous-formé, qui se satisfera d’être sous-payé et les classements PISA refléteront à n’en pas douter les performances d’un système aussi perverti.

Cela servira-t-il au moins à redresser les finances cantonales ? On peut sérieusement en douter, car à force de dégoûter les jeunes, notre canton se transformera en un vaste EMS.

La légitimité démocratique donne-t-elle le droit de bousiller l’avenir de notre jeunesse ?

Pierre Graber

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Quelle part de Neuchâtelois à l’avenir ? (photo HEP-BEJUNE)

1 mais aux ordres de la droite du Grand Conseil qui réclame 164 millions d’économies

2 pour en connaître la raison, consultez le dossier Salaires 2015 sur le site www.saen.ch

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