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Neuchâtel progresse… à reculons !

Soumis par Pierre Graber le 22 décembre 2017

Normalement, la période de la fin de l’année avec les fêtes qui la caractérisent est l’occasion de se projeter avec optimisme, si ce n’est enthousiasme, vers des lendemains meilleurs… Dans notre canton, c’est plutôt la triste litanie des nouveaux sacrifices, des nouvelles défections de l’État !

Le 1er décembre dernier, le Conseil d’État présentait son plan de législature à la presse chargée de délivrer le message de manière positive à la population neuchâteloise.

Les termes sont éloquents : « nouvel élan », « déclic », « spirale positive ». Ils sont suivis d’une profession de foi : le gouvernement veut « rassembler les forces du canton et de ses régions », partager une « vision […] à la fois ambitieuse et concrète » !

Voilà un superbe effet des efforts de communication de nos autorités, traduits par l’engagement progressif de multiples communicants répartis à tous les étages et dans tous les services de l’État. Le gouvernement semble désormais persuadé que la forme du message prime sur le contenu. À défaut de bonnes nouvelles, communiquons positivement ! Émile Coué ou Kaa (version Disney) ne sont pas loin !

Évidemment, après une telle amorce, on peut s’attendre au pire. Le flot de positivisme initial précède l’énumération des mesures prévues par le gouvernement pour son troisième plan d’économies.

Dans notre domaine, outre la forte réduction des crédits alloués à l’orthophonie (2 millions annuels à terme), la première mesure prévue par le gouvernement frappe l’école primaire. Difficile — voire impossible — d’imaginer pire atteinte à la qualité de l’école et d’adresser pire signal à destination des enseignants.

En août, la cheffe de département a exprimé sa préoccupation quant à la santé des enseignants à l’occasion de la publication de l’enquête du SER. Deux groupes de travail planchent sur l’épuisement du corps enseignant et sur la surcharge administrative. Une évaluation des fonctions de l’enseignement est en cours et, dans ce contexte, le gouvernement proclame son intention d’augmenter les effectifs des classes à l’école primaire ! Inutile de chercher une quelconque justification à tant d’incohérence mêlée de dédain.

L’enfumage médiatique orchestré par le Conseil d’État aura peut-être trompé les naïfs, mais sûrement pas les députés ou les observateurs avisés de la politique neuchâteloise.

L’annonce de la fermeture de la Haute école de musique à la veille de la divulgation officielle du plan du Conseil d’Etat devait probablement permettre de saturer l’espace médiatique et, en quelque sorte, de passer sous silence les coupes à plus grande portée dans l’orthophonie et l’augmentation des effectifs de classes dans les deux premiers cycles. Alertée par les syndicats d’enseignants, la presse n’est cependant pas tombée dans le panneau.

Les sacrifices imposés par le gouvernement à la population neuchâteloise sont tous inacceptables, mais il faut hélas hiérarchiser nos combats. Nous nous mobilisons à fond contre l’augmentation des effectifs à l’école primaire, regrettons amèrement les coupes dans l’orthophonie et exprimons notre grande tristesse face au projet de fermeture de la Haute école de musique.

Neuchâtel prétendait privilégier le partage social, la solidarité. Le plan de législature du Conseil d’État associé aux décisions enregistrées au cours de l’année écoulée montre qu’il faut changer de logiciel. Désormais, c’est chacun pour soi… ou chacun selon ses propres moyens. En clair, la liberté du loup dans la bergerie !

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