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On nous prend pour des c...

Soumis par Pierre Graber le 25 avril 2014

Comme évoqué dans de précédents billets, de multiples dangers guettent la fonction publique neuchâteloise dans son ensemble et le corps enseignant en particulier. Après avoir consenti à des sacrifices pour permettre au Conseil d’Etat de faire passer un budget 2014 encore acceptable, voici qu’on peut se préparer à une offensive déterminée de la droite du Grand Conseil.

«Le Conseil d’Etat est prié de présenter le plus rapidement possible, mais en tous les cas avant la session du budget 2016, un programme d’assainissement des finances du canton qui porte sur une amélioration de 8% des charges déterminantes, soit environ 164 millions de francs (base comptes 2012).»

Telle est la teneur d’une motion déposée par le groupe UDC et amendée par le PLR (qui a ramené le montant de 200 à 160 millions et mentionné la part des «charges déterminantes»). Dans la foulée, nos député-e-s ont encore accepté une motion de F. Carrard (PLR):

«Le Conseil d’Etat est prié de soumettre (…) un rapport (…) visant à l’introduction d’un nouveau système de pilotage de la masse salariale plus flexible rendu nécessaire par la rapide évolution de l’environnement socio-économico-financier cantonal, suisse et mondial. (…)»

Pour celles et ceux qui n’auraient pas décodé spontanément, cela signifie que la majorité de droite du Grand Conseil veut d’abord réduire le nombre de fonctionnaires (on ne «gagnera» pas des millions en réduisant la distribution de crayons et de gommes) et, poursuivant le travail de sape, piloter la masse salariale en ayant recours au salaire au mérite, ainsi qu’à une remise en question de la progression.

Comme enseignant-e-s, nous sommes en plein dans le collimateur: nos brillants politiciens imposeront probablement des sacrifices d’une ampleur «égale» à tous les départements; or, les charges du DEF tiennent presque exclusivement aux salaires. La cheffe de département a déjà procédé à toutes les coupes imaginables pour le budget 2014 (on rappelle, par exemple, les polémiques concernant la psychomotricité et les «appuis-gym»). La hausse des effectifs dans les classes est en toute logique une des prochaines mesures s’il faut aller au-delà.

Quant à elle, la motion Carrard nous attaque doublement: elle remet en cause notre échelle de progression (qui nous amène après 11 ans de travail au maximum de 10 «hautes paies») et marque le retour du salaire au mérite qu’on avait cherché à nous imposer il y a près de 15 ans. Augmenter le nombre d’échelons doit permettre de n’accorder la progression que lorsque le budget de l’Etat le permet et, surtout, de toucher un nombre significatif de salarié-e-s (on sait qu’une part importante d’entre nous a atteint son plafond… et n’est plus en mesure d’être pressuré-e autrement qu’en mettant en cause le renchérissement ou en imposant des retenues «de solidarité»); à la limite (1), un grand nombre d’échelons empêchera d’atteindre le maximum visé! Tout le monde a toujours convenu que le salaire au mérite (2) n’a pas de sens dans les écoles; mais les fronts se lézardent, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis s’y lancent!

Occupe-toi de la politique ou la politique s’occupera de toi!

Pour en revenir à la motion UDC-PLR, nous partageons la position du Conseil d’Etat:

«Il est (…) préférable de consacrer temps et énergie à la définition de priorités (…) plutôt qu’à un nouveau plan d’assainissement qui coupe toute dynamique positive, suscite des blocages et ne développe aucune vision à long terme.»

Depuis l’introduction du vote électronique, la lecture des procès-verbaux des votes du Grand Conseil est instructive! L’examen des exceptions l’est particulièrement et on ne manque alors pas de découvrir quelques incongruités. Sans surprise, la totalité des député-e-s UDC et PLR ont accepté les trois motions (3). Du côté de la gauche (4), opposée à ces textes, il est quand même surprenant d’observer que trois élu-e-s POP dont le maire du Locle, le très médiatique Denis de la Reussille, ont d'abord accepté l'amendement PLR (réduisant les exigences) avant de refuser la motion remaniée (*).

Les membres du SAEN qui ont pris la peine de s’inscrire sur le site ont accès au tableau présentant le vote des 115 député-e-s. Comme déjà annoncé, nous serons vigilants et informerons régulièrement nos membres des votes du législatif cantonal qui nous concernent.

Dans cet environnement agité et lourd de menaces, il est toujours plus impératif d’être syndiqué- e. Parlez-en autour de vous! 

Pierre Graber

(1) D’autres fonctionnaires le vivent déjà, ainsi que des collègues d’autres cantons.
(2) Octroi (ou non) d’échelons en fonction de la qualité du travail fourni.
(3) Un quart des Verts a accepté l’amendement PLR, mais aucun Vert libéral…
(4) Tous les socialistes ont refusé les trois motions.
(*) Correction après des éclaircissements apportés par Denis de la Reussille (2 déc. 2014)

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