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Un goût de paradis !

Soumis par Pierre Graber le 23 février 2018

On regrette (presque) la caisse de remplacement !

Voilà en effet une histoire jamais entendue du temps de Mme Cherno, dont nous regrettons les compétences.

Une collègue a eu le malheur de tomber malade un vendredi matin. Dans l’incapacité de se rendre à l’école, elle a passé le week-end à se soigner et n’était pas encore remise sur pied lundi. Par contre elle a pu reprendre le travail dès mardi.

Comme tout le monde, elle imaginait qu’ayant manqué deux jours de travail consécutifs face à ses élèves, elle n’avait pas de certificat médical à fournir. Le RSten1 précise en effet en son article 25, al. 2 : « Lorsque son absence excède trois jours de travail consécutifs, la personne concernée malade ou victime d’accident doit présenter un certificat médical. »

Et pourtant ! Comme les enseignants sont tenus de travailler hors de leurs leçons (préparations, corrections, contacts multiples…), l’autorité part du principe que le week-end est à considérer comme une période de travail. Selon cette brillante interprétation, notre collègue a manqué 4 jours et doit donc produire un certificat médical.

L’interprétation rigoureuse des textes légaux ne va pas jusqu’à respecter l’alinea 5 du règlement : « Les frais résultant de l’examen médical sont à la charge de l’employeur à moins qu’un abus de la personne concernée ne soit établi. »

L’autorité (régionale, la caisse cantonale de remplacement ayant été liquidée) ne l’entend pas de cette oreille et veut faire payer le coût du certificat à notre collègue, qui n’avait pas estimé nécessaire d’en produire un.

Le conseil juridique du SAEN est formel. Il semble vraiment téméraire de la part de l’autorité d’exiger la prise en charge par l’enseignante, sauf à suspecter un abus. Toutefois, à l’inverse de l’administration scolaire, nous avons conseillé à notre membre de laisser tomber vu le rapport déraisonnable des coûts engagés par le paiement du certificat et celui des démarches juridiques !

Notre collègue ne manque ni d’esprit ni d’humour et a adressé ces mots à l’administration de son école :

Bien que dotée d’une excellente protection juridique, j’ai aussi la chance d’être pourvue d’un solide bon sens, chose suffisamment rare dans le milieu scolaire actuel pour être relevée. J’ai donc décidé de ne pas poursuivre d’autres démarches afin de ne pas engendrer des frais conséquents pour une facture de 65,65 Frs. Cependant, j’aimerais vous faire part des remarques suivantes :

  • Le premier jour de mon absence (vendredi), je n’ai été remplacée que pour une période. C’est donc juste pour cette période qu’on a considéré que j’étais absente 4 jours puisque je n’étais pas de retour le lundi.

  • Depuis plus de 30 ans que j’enseigne, je n’ai jamais été malade plus de 3 jours consécutifs et encore, cela n’est pas arrivé souvent.

  • Lorsque je suis allée chez le médecin pour le certificat, vu mon état de fatigue, il voulait me mettre en arrêt maladie pour 15 jours. J’ai refusé sachant la difficulté de trouver des remplaçants et le coût engendré. (je crois qu’on appelle ça de la conscience professionnelle, à moins que ça ne soit de la bêtise).

Au vu de ce qui précède et des réponses que j’ai reçues, vous comprendrez, je l’espère, ma déception.

L’imbécilité procédurale et dénuée de respect de certains fonctionnaires risque — à la longue — d’avoir de graves conséquences pour le système scolaire et, en première ligne, pour les élèves que les enseignants accompagnent dans leur progression. Il n’y a pas besoin d’être devin pour comprendre qu’en une prochaine occasion de ce type, de plus en plus d’enseignants suivront le conseil de leur médecin et prendront le repos qu’il leur prescrit ! On peut même craindre que l’éventualité de tomber en burn-out se banalise et que le nombre de cas explose davantage encore !

Voilà qui donne sens aux paroles concluant le billet du président de janvier dernier : « Il est temps de s’inquiéter très sérieusement du moral de nos enseignants, les vrais héros du système, formant nos futurs cadres et ouvriers, nos futurs chercheurs et dirigeants, nos futurs concitoyens. Si vous voulez détruire un pays, commencez par démoraliser les enseignants, tout le reste suivra !2 »

1 Règlement général d’application de la loi sur le statut de la fonction publique dans l’enseignement
2 Cédric Villani dans le cadre d’une table ronde restituée par L’Humanité, 16 mai 2014


L’État fait la manche !

Tout le monde connaît les difficultés financières de notre canton, mais l’imagination des chasseurs d’économies n’a pas de limite :

  • Le salaire des nouveaux apprentis travaillant dans les services de l’État sera baissé de 10 francs dès la prochaine volée. Le conseiller d’État Alain Ribaux considère que c’est anecdotique et que les sommes ainsi réunies permettront la mise en place de davantage de places d’apprentissage.

  • Parmi les (éventuelles) mesures d’économie du plan de législature du Conseil d’État, on vous laisse apprécier celle consistant à ne plus prendre de PV lors des commissions de travail. Elles sont déjà souvent enregistrées… et c’est l’enregistrement qui fera foi. On ne rit pas ! Et on évite aussi de pleurer !

  • Une mesure nettement moins anecdotique menace : la suppression des primes de fidélité. Les deux qui restaient encore (20 et 30 ans) devraient donc disparaître comme l’ont fait celles pour 10 et 40 ans de service ; à l’époque, l’économie réalisée sur celles-ci avait contribué à l’octroi du 13e salaire. À l’État, on nous dit sans rire qu’on veut favoriser la mobilité. Les enseignants et les gendarmes apprécieront !

  • Les familles apprécieront aussi la réduction des allocations complémentaires, qui auraient dû être ramenées à 100 Frs (au lieu de 135 Frs). Mais l’absence de consensus… et de budget a empêché la mise en œuvre. On ne perd sans doute rien pour attendre !

  • À suivre...


Journée syndicale 2018 : cap à l’est !

La prochaine Journée syndicale aura lieu le mercredi 7 novembre et le comité est content d’avoir trouvé une salle dans l’Entre-Deux Lacs. L’espace Ta’Tou de Cornaux servira ainsi de cadre à nos débats. On se réjouit de retourner de ce côté-là du canton. La salle Vallier de Cressier où nous sommes allés plusieurs fois est trop petite désormais ; non, elle n’a pas rétréci. Nos membres sont toujours plus nombreux !

 
 
 
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