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Apprentissage dual : le bonjour d’Émile...

Soumis par Pierre Graber le 23 novembre 2018
Régression préoccupante de la formation professionnelle...

Au début du mois, à l’occasion d’une conférence de presse annuelle consacrée aux formations postobligatoires, Mme Maire-Hefti a répété son mantra : l’apprentissage dual gagne du terrain dans notre canton.

Oui, mais…

Le DEF 1 a aussi transmis une étude longitudinale réalisée par l’OCOSP 2 portant sur le choix des élèves de 2008 à 2018. Et l’image n’est pas vraiment la même !

Le SFPO 3 proclame fièrement qu’« Un nombre record de contrats d’apprentissage ont été signés lors de la rentrée scolaire 2018 : 1’659 [...]. Depuis 2008, l’apprentissage en mode dual remporte un succès toujours plus important avec une augmentation de plus d’un tiers de nouveaux contrats en dix ans (+435). »

Le service insiste aussi sur le renforcement du dual face aux écoles à plein temps.

Infox ?

La démonstration serait magnifique si elle n’était pas contredite par des éléments issus de l’étude longitudinale…

Difficile en effet d’imaginer 1659 nouveaux contrats signés en 2018 alors que le mémento statistique dénombrait 1575 élèves en 11e année et que 1384 élèves s’apprêtent à entamer une formation secondaire 2, dont 637 en lycée ou école de culture générale...

À la lueur des informations issues de l’étude longitudinale, l’engouement pour la formation duale semble devoir être sérieusement pondéré.

Émile Coué est donc appelé à la rescousse pour proclamer que « La dynamique positive [...] se confirme. Ces résultats démontrent que les mesures développées afin de dualiser la formation professionnelle portent leurs fruits. »

Chronique d’une catastrophe annoncée

Hélas, la principale information que délivrent les données partagées est la confirmation du désengagement de l’État à l’égard des jeunes n’ayant pas trouvé leur bonheur dans l’offre réduite des entreprises. On souhaite dissuader une bonne part des élèves d’aller au lycée, mais — dans le même temps — on ferme des filières techniques en école à plein temps. Et pourquoi nos ados font-ils la fine bouche ? Le commerce de détail, la coiffure, les chantiers ou l’industrie mécanique sont prêts à les accueillir !

Finalement, et c’est beaucoup plus préoccupant, le principal enseignement à tirer des chiffres, c’est surtout la désaffection à l’égard de la formation professionnelle — qu’elle soit dispensée en entreprise ou en école. On observe même le plus mauvais taux des dix dernières années !

Méfions-nous des formules simplistes ou alors, préparons d’ores et déjà la trousse de secours, car il y aura des dégâts dont le coût pourrait s’avérer supérieur à l’économie initiale…

1 Département de l’éducation et de la famille
2 Office cantonal de l’orientation scolaire et professionnelle
3 Service des formations postobligatoires et de l’orientation

Publié le
ven 23/11/2018 - 00:02