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Barbarie, un nouveau retour ?

Soumis par Jean-François Kunzi le 15 décembre 2006

Dans le règne animal, l’homme malgré sa prodigieuse intelligence, s’avère un destructeur hors pair, capable de ravager jusqu’à son propre environnement.

Depuis qu’il existe, guidé par son cerveau reptilien apparemment indomptable, il ne cesse pas de s’en prendre à ses semblables, de les harceler, de leur faire subir les pires sévices, de les tuer dans des conditions parfois atroces.L’histoire, pourtant toute jalonnée d’épisodes sordides et sanglants, ne parvient pas à le diriger définitivement vers un comportement plus digne de son rang.

L’homme : un être supérieur ? Qu’avons-nous omis de faire, nous les parents, les éducateurs, les enseignants, les citoyens de ce pays, pour que la pensée ne l’emporte pas toujours sur l’instinct le plus primitif, le respect et la tolérance sur l’agressivité, la paix sur la guerre ?

Avons-nous naïvement pu croire, un seul instant, que la barbarie appartenait désormais au passé ? Qu’elle n’était plus maintenant l’affaire que de quelques peuples en guerre en Afrique, en Amérique, en Asie, au Moyen-Orient, dans le Caucase et de quelques dernières dictatures ? Que plus de cinquante siècles de civilisation, grâce aux apports successifs de la science, de la philosophie, de l’art, l’aboliraient pour l’éternité ?

Les images effroyables ajoutées aux témoignages bouleversants et accablants des rescapés des camps de concentration, des multiples génocides, des attentats meurtriers, des répressions sanglantes, des sévices atroces infligés par les vainqueurs ou les détenteurs du pouvoir ont suscité, chaque fois, une réprobation immense et unanime. « Plus jamais ça ! » a-t-on alors juré, sans doute avec sincérité. Mais, quand le moment d’émotion s’estompe, que reste-t-il gravé dans l’inconscient collectif ?

Nous sommes-nous mobilisés ? Quelles dispositions avons-nous prises, chacun à notre niveau, pour empêcher le renouvellement de ces actes abominables ? N’avons-nous pas considéré, lâchement, que tout cela relevait de la compétence exclusive de la police et des parlementaires chargés d’élaborer des lois appropriées ?

Sans peut-être que nous l’ayons perçu d’emblée clairement, la barbarie s’est installée, là tout près de nous, en revêtant de multiples visages et en touchant progressivement jusqu’à nos proches, jusqu’à nos élèves âgés d’à peine douze ans pour les plus jeunes.

Des bandes se sont plus ou moins organisées. Des clans, à l’intérieur desquels les individus se fondent complètement, se sont constitués. Ils sont régis par leurs propres lois et même par leur propre langage. Chacun d’eux domine un territoire qu’il défendra farouchement et qu’il cherchera à étendre. Il se livre aussi, parfois, à certains trafics. Drogues et alcools circulent et son consommés. Des rivalités naissent forcément avec, comme conséquence prévisible, des affrontements violents.

La convoitise et la susceptibilité de certains meneurs surprennent. Malheur à celui qui refuse de leur remettre immédiatement l’objet de leur désir ou qui passe innocemment son chemin en jetant un regard jugé provocateur ! Il sera agressé, roué de coups avec un acharnement inouï, gravement blessé, voire tué.

Durant les guerres, on viole des femmes pour, se justifie-t-on, humilier l’ennemi. Certains jeunes ont une image complètement dégradée de la femme tout juste bonne à assouvir leurs envies. Malheur à la fille qui s’amourache ou traverse simplement le chemin de l’un d’eux ! Elle subira, brutalement et sans la moindre pitié, les assauts de toute la bande.

Dans l’éducation que nous avons donnée à nos enfants et à nos élèves, quelle(s) erreur(s) avons-nous commise(s), nous qui rêvions d’en faire tous des citoyens dignes, respectueux, solidaires, responsables ? Pourquoi certains sombrent-ils ainsi dans la barbarie ? Ne les avons-nous pas assez entourés quand ils étaient confrontés à des images choquantes de pornographie ou de violence ? N’avons-nous pas su engager le dialogue, expliquer, démontrer, convaincre ? …

Jean-François Kunzi

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