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HarmoS : une chance !

Soumis par Jean-François Kunzi le 28 mars 2008

L’observateur extérieur peut avoir l’impression que, dans l’univers feutré de l’école, on progresse à un train de sénateur. Désormais, il lui faudra déchanter. Avec le concordat HarmoS et l’introduction de l’anglais à l’école primaire déjà, la CDIP a soudain donné un coup d’accélérateur salutaire.

Dans l’optique de l’harmonisation voulue, chaque canton devra reconsidérer son système scolaire afin que la presque totalité des élèves puisse au moins atteindre les standards minimaux définis pour l’ensemble du pays.
Dans sa session de juin, le Grand Conseil prendra une décision capitale qui impliquera obligatoirement une augmentation de la grille horaire des élèves.

L’ère Cavadini a été marquée, entre autres, par la volonté de diminuer le temps passé à l’école. On a ainsi procédé à la réduction à 45 minutes de la durée d’une période scolaire et à celle de la grille horaire des différentes sections du secondaire 1. Dans une approche purement cantonale qui entraînait une adaptation automatique de chacun des acteurs de la formation, ce changement important est passé presque inaperçu. L’école neuchâteloise – on en était unanimement convaincu – continuerait à dispenser un enseignement de haute qualité.

L’enquête internationale PISA 2000 a soudain brisé la belle certitude. Le classement canton par canton, en révélant, en autres, l’excellence des élèves valaisans et la situation très moyenne des Neuchâtelois, a suscité de nombreuses interrogations. Dans l’analyse fine des résultats, plusieurs causes possibles ont été évoquées : la composition de la société, l’origine socio-culturelle, l’importance attribuée à certaines branches ou le pourcentage de filles, par exemple. On n’a pas relevé, alors, explicitement, une raison qui paraît pourtant hautement pertinente : celle du temps passé à l’école.

On découvre ainsi que, durant sa scolarité obligatoire, un écolier valaisan, bénéficie de 1026 heures d’enseignement de plus que son homologue neuchâtelois. C’est l’équivalent d’une année scolaire !

On peut évidemment se contenter d’observer que, dans d’autres cantons alémaniques, le déficit est encore plus grand ou relativiser la position très moyenne dans le classement PISA : compte tenu de tous les paramètres, on ne s’en tire pas si mal ! Mais ce discours s’avère un peu court dans une région où on vise l’excellence dans les domaines de la microtechnique et des nanotechnologies !

La CDIP en décidant d’introduire l’anglais dès la cinquième année primaire et en lançant le concordat HarmoS qui implique un redécoupage de la scolarité obligatoire incluant deux ans d’école enfantine et la vérification de l’atteinte de standards nationaux à trois moments de cette scolarité oblige chaque canton à reconsidérer son système de formation et à effectuer les modifications nécessaires d’ici 2014 ou 2015. C’est demain !

Quand on sait que le Concordat entrera en force dès que dix cantons l’auront signé et que la Confédération dispose des articles constitutionnels massivement acceptés pour contraindre les éventuels récalcitrants, l’heure n’est plus aux tergiversations. Il faut saisir cette formidable opportunité et se mettre immédiatement au travail car le chantier est vaste et l’enjeu de taille.

Quels enseignants oeuvreront dans le cycle initial (années 1 à 4) puis dans le cycle primaire (années 5 à 8 ) ? Des généralistes purs ? Sans doute dans ce qui constitue maintenant l’école enfantine. Mais, pour la suite assistera-t-on à une certaine spécialisation, par exemple, dans le domaine des langues ? Quel niveau de formation sera requis ?

L’actuelle grille-horaire permettra-t-elle d’atteindre les objectifs du PER (Plan d’études romand) et les standards minimaux ? Devra-t-elle être rééquilibrée, augmentée ? Quels domaines bénéficieront d’une dotation supérieure ?

Pour affronter les défis du 21ème siècle, les enfants ne méritent-ils pas de disposer de la formation la plus optimale possible ?

Jean-François Kunzi

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