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Changeons l’hymne cantonal !

Soumis par Jean-François Kunzi le 14 février 2008

Sans doute n’existe-t-il pas un autre canton au sein duquel les rivalités régionales, notamment celles entre le Haut et le Bas, se manifestent avec autant d'intensité. En maintes circonstances, le gouvernement doit opérer des choix clairement destinés à satisfaire les revendications particulières de lobbies très virulents. À long terme, certaines décisions encore compréhensibles dans le contexte du début du XXe siècle, risquent bien de marginaliser notre canton et de l'empêcher de jouer un rôle que justifie pourtant son haut potentiel dans le domaine des microtechniques.

« Nous sommes les enfants heureux de la meilleure des patries... »
L'auteur des paroles de l'hymne neuchâtelois, avec l'emphase propre au genre, célèbre les beautés naturelles du canton et l'instauration, en mars 1848, de la République, symbole de la liberté fraîchement conquise. Il nous enjoint, nous les descendants des fondateurs héroïques, à défendre farouchement ce précieux héritage. Mais dans ce chant patriotique ne manque-t-il pas un appel solennel au rassemblement et à l'unité ?

Au niveau suisse, à cause, principalement, du combat populiste de l'UDC qui prône, avec des méthodes discutables, un nationalisme étroit, dépassé et, finalement, hautement préjudiciable, on n'a pas encore totalement compris que les enjeux et la compétition économique se déroulent à l'échelle planétaire. Sans des alliances solides, par exemple, avec nos voisins européens, combien de temps résisterons-nous à la fulgurante progression de l'emprise chinoise à laquelle s'ajoutera assurément celle de l'Inde ? Parviendrons-nous, seuls, à ériger des barrières susceptibles de nous protéger des méfaits du capitalisme débridé ? Les pertes colossales enregistrées par certaines grandes banques, dont l'UBS, et, par contrecoup, par nos caisses de pension, suite à la déconfiture des prêts hypothécaires à risques aux États-unis, ne nous ouvrent-elles pas les yeux ?

À  une échelle plus réduite, quel canton peut, aujourd'hui, prétendre se tirer d'affaire tout seul, face à la pression grandissante de la Confédération à laquelle le peuple suisse a donné des compétences nouvelles dans le domaine de l'éducation et de la formation ? En tout cas pas Neuchâtel! Depuis longtemps, le gouvernement a compris qu'il n'était plus maître du jeu. Il s'est naturellement tourné vers celui de Berne et celui du Jura pour établir, avec eux, des partenariats qui ont abouti à la création de la HEP-BEJUNE et de la HE-Arc. Mais ces deux institutions qui symbolisent une volonté politique forte et pionnière ne sont pas absolument assurées de leur pérennité. Face à un Conseil fédéral bien décidé à user de ses prérogatives pour limiter le nombre de hautes écoles, il faudra se battre avec détermination et opiniâtreté pour défendre «les nôtres». On peut comprendre l'attachement de la population et des édiles des montagnes à l'École d'ingénieurs du Locle et le désarroi que son déplacement à Neuchâtel entraîne. Mais pas les invectives adressées jusqu'au-delà des frontières cantonales et les exigences de compensation! L'enjeu s'avère tout simplement la survie d'une haute école que des rivalités régionales absurdes pourraient menacer gravement. La ville de Neuchâtel possède un atout indéniable et objectif que celle de La Chaux-de-Fonds - le TransRUN, s'il se réalise, ne constituera pas LA panacée - n'aura jamais : sa situation géographique et ses liaisons directes avec le Moyen Pays (Plateau) et avec les deux vals.

La population du littoral (90 000 habitants sur 170 000) et sans doute une grande partie de celle des deux vals (27 000 habitants) pourraient aussi se sentir méprisées, elles à qui le Conseil d'État a imposé une décentralisation de l'Administration cantonale pourtant refusée en votation. L'Hôpital se trouve maintenant dans le collimateur. Plutôt que de centraliser, à grands frais -vive la péréquation financière- certains services, ne pourrait-on pas trouver des solutions en termes de régions et d'accessibilité facile et rapide ?

Jean-François Kunzi

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