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Ensemble pour réussir

Soumis par Jean-François Kunzi le 20 juin 2008

Au moment de quitter sa fonction de président du SAEN, JFK nous adresse encore ce message.

Au-delà des souvenirs et remerciements de circonstance, il rappelle ses fermes convictions quant à la nécessaire évolution de l'école (neuchâteloise et romande) et appelle chacun-e des membres du SAEN à s'engager pour vaincre l’obscurantisme et l’aveuglement.

Merci Jean-François !

Chères, Chers Collègues,

Je vous adresse, à vous tous, membres du SAEN qui, par votre présence fidèle aux assemblées, vos encouragements, vos messages de gratitude, exprimez votre attachement à votre syndicat, à son comité et à son président, mes remerciements les plus sincères pour la confiance extraordinaire que vous m’avez témoignée tout au long de ces seize années.

J’y ai puisé la force de croire à un avenir meilleur, l’énergie, la conviction, la ténacité nécessaires à mener le combat pour la défense de l’école, de la formation, des enseignants et de leur dignité trop souvent bafouée.

Durant cette période qui s’achèvera le 31 juillet prochain, je n’ai bien sûr pas été seul. Avec tous les membres qui se sont succédés au comité – ils sont plus de trente – nous avons formé une équipe formidable, harmonieuse, respectueuse, engagée, toujours soudée, soucieuse de préserver au mieux les intérêts de la profession, de faire progresser l’école en la rendant plus juste, plus solidaire pour qu’aucun élève ne reste sur le bord du chemin, préoccupée aussi d’obtenir les moyens permettant d’accomplir une mission de plus en plus complexe. Je leur exprime, à tous, et plus spécialement à ceux qui sont encore à mes côtés, jusqu’au terme de mon mandat, et qui, demain, poursuivront la mise en œuvre de la ligne politique de notre syndicat, ma plus vive reconnaissance.

Et puis, il y a mes collègues de la SPR et maintenant du SER avec lesquels j’ai partagé quelques instants difficiles mais surtout des moments intenses, extraordinaires durant lesquels nous avons échangé des idées, analysé des systèmes et les résultats des enquêtes internationales PISA, organisé des forums, tenté de dessiner le profil de l’enseignant primaire de demain, construit l’école du 21ème siècle, interpellé nos chefs de département, répondu aux attaques des pourfendeurs de l’école publique, en un mot, refait le monde. Je leur adresse ma profonde gratitude. Merci à eux d’avoir été là, ouverts, compréhensifs, curieux, déterminés, solidaires quand la fonction publique neuchâteloise traversait des moments difficiles.

Je pense enfin à mes amis de l’Intersyndicale des enseignants BEJUNE avec lesquels nous sommes parvenus à tisser des liens solides, à dépasser nos particularismes cantonaux, voire régionaux, pour nous inscrire, conscients de notre communauté de destins, dans une perspective d’union qui doit se renforcer avec le temps. Je l’avoue, je suis fier de cette réalisation et de tous ceux qui se sont investis sans compter pour que l’Intersyndicale voie le jour, pour qu’elle soit reconnue et considérée comme un partenaire incontournable. J’adresse un merci très chaleureux et ému à mes amis bernois et jurassiens.

J’ai aussi eu, je le souligne, le plaisir de collaborer et de dialoguer avec des représentants d’autres syndicats, avec des directeurs d’école, avec des chefs de service, en particulier, avec les deux actuels, avec des adjoints ou des responsables départementaux pour défendre la cause de l’école. Je leur sais gré de leur écoute, de leur compréhension, de leur ouverture d’esprit, de leur profond respect, de leur souci partagé de trouver des solutions consensuelles.

Lorsqu’en 1991, Jean-Jacques Bolle, mon prédécesseur, a sollicité le président de l’assemblée générale que j’étais alors, je n’imaginais pas tout ce que l’aventure proposée pouvait comporter. J’ai relevé le défi et participé ainsi activement à la création ce qui allait devenir, le 1er janvier 1994, le SAEN dont j’aurai été le premier président. Je peux affirmer que j’ai vécu une période extraordinaire, inoubliable, riche de rencontres magnifiques, de découvertes passionnantes, d’expériences enthousiasmantes, d’actions solidaires …

J’ai bien sûr connu quelques passages difficiles et des blessures, infligées parfois par des collègues. Je n’ai guère apprécié l’irrespect, voire le mépris manifesté par certains conseillers d’Etat pour lesquels la parole donnée n’a aucune valeur ou celui exprimé par le gourou autoproclamé d’une certaine forme d’école dont la pensée unique est largement diffusée par les médias. J’ai regretté l’absence de courage politique de Thierry Béguin qui a gelé le projet d’évaluation et de description des fonctions, celui pour moi capital de réforme du Secondaire I et le rapport du GSFP2. Je déplore la rigidité du gouvernement actuel qui reporte, au lendemain des élections de 2009, d’éventuels changements ou adaptations.

Seize ans de présidence, c’est aussi 176 réunions du comité, plus de 220 billets dans l’Educateur, 4 conseillers d’Etat responsables de l’Instruction, auxquels s’ajoutent 16 assemblées des délégués et autant d’assemblées générales, plus de 130 séances du comité du SER …

Nous ne sommes pas tout à fait sortis du temps des turbulences. L’économie de notre canton reste encore fragile. Les finances publiques ont connu, ces deux dernières années, une embellie qu’on espère tous durable. Notre société, bouleversée par la crise, n’est pas encore parvenue à définir un nouveau cadre de vie, à établir de nouvelles relations, plus justes et plus humaines. La classe moyenne qui a sans doute satisfait la plupart de ses aspirations d’ascension sociale paraît maintenant se désintéresser de l’école, elle qui en était l’un de ses plus sûrs soutiens. Que se passera-t-il si aucun pont ne relie les différentes catégories sociales ?

La conjoncture décourage et démotive souvent. Mais il ne faut pas baisser les bras. Il est désormais impératif, dans un contexte de net durcissement, d’établir un rapport de force si on entend mener le combat pour une école et une formation de haute qualité, solidaires, adaptées aux exigences du 21ème siècle.

Il nous appartient de proposer des solutions, de convaincre les autorités, d’instaurer avec elles des relations nouvelles basées sur un véritable partenariat, d’imaginer, au besoin, des formes d’actions pour vaincre l’obscurantisme et l’aveuglement.

Cela va impliquer des changements importants dans notre profession, à commencer par la formation initiale. Face à la complexité croissante des problèmes auxquels nous sommes confrontés et aux exigences de plus en plus élevées décidées par la CDIP, sommes-nous prêts à reconsidérer complètement la forme de notre engagement et à travailler réellement en équipe pédagogique ? Si j’en crois le philosophe chinois Lao Tseu, il ne faut pas « craindre le changement mais, plutôt, l’inertie ».

Des échéances importantes – mise en place d’HarmoS avec les standards minimaux et le redécoupage de la scolarité qui lui sont associés, de la Convention scolaire romande ; introduction du PER et de l’enseignement de l’anglais dès la 5ème année ; modification de la grille horaire ; sortie des mesures de crise et amélioration du statut – nous attendent, et, en particulier, le comité qui aurait bien besoin d’être renforcé : comment négocierons-nous la sortie des mesures d’économie ? Quel profil idéal définir pour l’enseignant primaire de demain ? Quel statut approuverons-nous pour la Caisse de pension unique ?

Je suis persuadé que si, malgré l’ampleur et la difficulté de la tâche, nous demeurons unis et solidaires, si nous pouvons compter sur l’engagement et la participation de chacun, nous serons capables de franchir tous les obstacles.
Le président que vous avez élu en novembre dernier et son comité doivent bénéficier de votre soutien, de vos encouragements, de votre confiance. Ils savent que, s’ils en ont besoin, jusqu’à ma retraite en 2011, ils peuvent compter sur mon appui et sur ma collaboration.

Le 31 juillet, je rentrerai dans le rang. Je remettrai mon mandat l’esprit serein, certain d’avoir appliqué le précepte que m’a inculqué mon grand-père « Tout travail mérite d’être bien fait ! », reconnaissant d’avoir pu vivre intensément des expériences formidables et rencontrer de riches personnalités et surtout heureux de savoir que l’entreprise commencée sera poursuivie …

Merci pour tout !

Bon vent au SAEN, à l’Intersyndicale des Enseignants BEJUNE et au SER !

Jean-François Kunzi

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