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PISA 2006 : Vive la joie ?

Soumis par Jean-François Kunzi le 25 janvier 2008

Les résultats de l'enquête PISA 2006 dont les sciences constituaient le menu principal ont été présentés, à l'échelle nationale, en décembre dernier, par la CDIP. Ils révèlent que les élèves suisses terminant leur scolarité obligatoire s'avèrent très bons en mathématique - les enquêtes précédentes l'avaient déjà démontré - et plutôt bons dans la matière examinée en 2006 et en français, domaine dans lequel la Suisse a progressé dans le classement international. On doit certes s'en réjouir mais, honnêtement, notre satisfaction peut-elle être vraiment complète ?

Le moins que l'on puisse dire est que les médias s'intéressent davantage aux péripéties de la vie amoureuse de M. Nicolas Sarkozy ou à celles d'une quelconque starlette qu'à la présentation, en décembre dernier, des résultats de l'enquête PISA 2006. Quand on songe à l'audience formidable que certains d'entre eux offrent, régulièrement, aux détracteurs patentés de l'école publique et à leur gourou genevois, leur prestation indigente relève presque de la désinformation. Mais, peut-être attendent-ils la publication des résultats, canton par canton, qui devrait intervenir avant l'été, pour se livrer à une analyse véritable et à s'interroger sur les suites à donner ?

On observera, au passage, que les adeptes d'une association qui, suivant aveuglément les préceptes de son maître autoproclamé, prétend que l'école publique court à la ruine et que des pans entiers sont déjà détruits, sont restés singulièrement discrets. Les très bons résultats des élèves suisses en mathématiques démontrent clairement que les systèmes scolaires de notre pays sont performants tout en étant susceptibles d'être améliorés encore et qu'ils ne méritent en tout cas pas l'anathème que certains s'acharnent à jeter sur eux. Dans cette perspective, on peut espérer que les citoyens genevois qui, en 2006, ont accepté l'initiative lancée par l'association précitée réaliseront qu'ils ont été habilement manipulés. Ce n'est pas à travers des notes et des moyennes qu'on mesure l'excellence d'une école!

Dans le très vaste domaine des sciences, on peut assurément mieux faire même si cela ne paraît pas forcément évident en raison de l'abondance de la matière. Contrairement à l'optique contenue dans le PECARO et maintenant dans le PER, la dernière version de la maturité fédérale le divise, à nouveau, en branches spécifiques. La scolarité obligatoire et, en particulier, le secondaire 1, devra prendre en compte cette réalité dans le découpage de sa future grille horaire ou alors, au moins supprimer cette contradiction. En lecture (littératie), la Suisse, a amélioré son rang dans le classement international. On pourrait s'en réjouir. Oui, mais voilà, cette progression est obtenue sans augmentation du score réalisé, simplement parce que certains pays qui précédaient le nôtre ont, eux, régressé. Les efforts importants ‑ augmentation de la dotation horaire en français, nomination de délégués à la lecture, organisation de journées ou de conférences, mise sur pied de la semaine de la lecture ‑ entrepris, dès 2002, suite à la publication des résultats plutôt mitigés de l'enquête PISA 2000, ne semblent pas encore avoir porté leurs fruits. Il existe probablement une raison à cela. De trop nombreux enseignants estiment encore que l'apprentissage de la lecture s'avère l'apanage exclusif des premiers degrés de la scolarité. Ils ne se sentent pas concernés par le problème. Ils ne participent à aucune manifestation ou activité proposées et, plus grave, à aucune réflexion. Ils se bornent à constater que leurs élèves lisent mal ou ne savent pas lire en n'observant pas que certains d'entre eux régressent...

L'apprentissage de la lecture est clairement l'affaire de tous les enseignants. Un changement complet de mentalité et de conception s'impose. Les directeurs, les inspecteurs, les responsables scolaires doivent aussi y contribuer. Il y a urgence!

Jean-François Kunzi

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