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« Chaud-froid » : la reprise neuchâteloise de l’école obligatoire

Soumis par Myriam Facchinetti le 26 juin 2020
Espoir...

L’école à la maison, c’est terminé. À l’annonce de la reprise au mois de mai, les syndicats romands ont fait front, pour que les enseignant·es et les élèves puissent bénéficier des meilleures conditions de retour possible. Mais tout n’a pas été entendu. Petit aperçu des joies et des peines, à l’école obligatoire.

L’école à la maison a été une expérience inédite pour chacun·e d’entre nous. Enseigner sans la présence de ses élèves s’est révélé pénible pour certain·es, stimulant pour d’autres, mais n’a laissé personne indifférent. Deux mois pour trouver de nouvelles techniques, huit longues semaines pour ne perdre personne en route.

Le 16 avril 2020, sur décision du Conseil Fédéral, l’école a dû se préparer à la reprise des cours en présentiel. Dès lors, les forces syndicales romandes se sont unies, pour se faire entendre d’une même voix.

À Neuchâtel, les différents cycles de l’école obligatoire ont donc repris de manière espacée : on a d’abord remis sur les bancs les moins vulnérables d’entre nos élèves, laissant un peu de répit aux adolescents.

Aux cycles 1 et 2, la reprise en demi-classes a été âprement négociée : l’économie reprenant soudainement ses droits et du même coup, contraignant certains parents de nos élèves à abandonner le télétravail, il fallait trouver une solution pour les plus petits. À ce moment-là, sur les « apéros-Zoom » et autres « groupes Whatsapp », on susurrait fréquemment la formule « gardiennage », mot-tabou, pourtant souvent employé par les enseignants des premiers degrés.

Les représentants syndicaux sont restés fermes : impensable de passer de la nuit au jour, du noir au blanc, du confinement à la reprise en classe entière. Non ! Les plus jeunes, soudain complètement déresponsabilisés dans la transmission ce satané virus, méritaient un retour de qualité, pour retrouver leurs marques sociales et reprendre confiance. Des petits groupes et des permanences ont donc été organisés, laissant du temps aux enseignants pour reconstruire le lien, recueillir les émotions et évaluer le travail effectué durant cette période si spéciale.

Aujourd’hui, on peut le dire, cette reprise en demi-classes a été une bénédiction, une bouffée d’oxygène, surtout au cycle 1, qui ne donnait pas cher des capacités des petits à apprendre la distanciation et un lavage efficace des petites mains.

Au cycle 2, les préadolescents ont peut-être été moins zélés que leurs cadets, moins disposés à se distancer, mais la mise en place sereine des adaptations sanitaires au sein des collèges, avec des effectifs réduits, leur a également profité.

Sans surprise, ça se corse quand on se penche sur la reprise du cycle 3. De toute évidence, il aurait été judicieux d’y laisser les professionnel·les s’inspirer des bonnes pratiques des premiers cycles. Mais il n’en a rien été. Les syndicats ont réclamé en vain une reprise en effectifs réduits, pertinente aux niveaux pédagogique (pour les nombreux élèves en décrochage), psychologique (selon les recommandations du CAPPES) et pratique.

Les enseignant·es sont stressé·es d’avoir à faire face à des adolescents plus préoccupés par les retrouvailles que par le programme scolaire ou les recommandations sanitaires. Au fil des degrés, la perception de la gravité de la crise s’amenuise… Et puis, aux yeux des élèves, dans un système articulé autour des notes, leur mise de côté pour la fin de l’année fait perdre toute crédibilité au travail demandé. Dans ces conditions, vouloir concilier ambition et convivialité semble relever de la mission impossible ! Bien des collègues en perdent le sommeil, d’autres ont dû se résoudre à différer leur retour en classe.

Globalement, la crise aura démontré la capacité d’adaptation des enseignant·es, tous cycles confondus. Chacun·e a fait preuve de dévouement, d’intelligence et de cohérence durant cette période inhabituelle. En toute logique, il est temps qu’on fasse un peu plus confiance à toutes et tous ces professionnel·les du terrain, à leur formidable clairvoyance et à leur vision très adéquate de l’enseignement, en toute circonstance, mais particulièrement en période de crise exceptionnelle.

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Publié le
ven 26/06/2020 - 12:00
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