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La classe multi-âges et multi-ressources

Soumis par Myriam Facchinetti le 25 mars 2022
(Stadt Luzern)

À l’heure où le canton se questionne sur l’évaluation, l’épuisement professionnel, le redoublement et renforce sa volonté de rendre l’école bilingue, il nous semble important de présenter un système alémanique novateur, qui se construit depuis bientôt une année dans une classe de Valangin et qui répond à ces problématiques multiples: la Basisstufe1.

Située au deuxième étage du petit collège de Valangin, la classe 14FR est constituée d’une vingtaine d’enfants de 4 à 8 ans, réparti·es dans deux salles. Deux enseignantes motivées en ont la charge et tentent modestement d’y implanter la Basisstufe, avec l’accord bienveillant de leur direction. On y enseigne la lecture et les additions, on chante en français et en allemand, de manière naturelle, sans forcément s’en rendre compte.

Travail interdisciplinaire par compétence

La semaine se déroule harmonieusement. Les activités, les ateliers et les rituels s’articulent par thèmes à travers lesquels chaque élève apprend et progresse selon ses compétences.

Tout est propice à l’évaluation, à l’observation des élèves et à la mise en place de remédiation ou de différenciation.

La formation de groupes homogènes (par âge) ou hétérogènes (multiâges) permet de cibler les objectifs afin que chaque élève puisse travailler à son rythme et niveau de compétences.

Le travail en classe multiâges permet aux enfants d’ancrer certaines notions, tout en progressant selon leurs capacités. Ainsi, un enfant de 3e année qui entrerait difficilement dans la lecture aura l’occasion de parfaire ses connaissances en choisissant des activités plutôt destinées aux élèves de 2e. L’inverse est également réalisable. Chacun·e son rythme, chacun·e son parcours.

Cet enseignement peut être appliqué dans n’importe quel contexte scolaire (classe à 1 ou 4 degrés). Cependant, dans une classe Basisstufe, cela se fait de manière naturelle et non stigmatisante: les enfants sont tous et toutes dans la même classe, font les mêmes activités, avec les mêmes objectifs de fin de cycle.

Le coenseignement: un regard croisé fondamental

Les élèves ne sont pas les seul·es bénéficiaires. Pouvoir travailler en coenseignement représente une plus-value non négligeable. On est deux à préparer et à se partager le travail, ce qui permet de se concentrer plus précisément sur la finalité du projet: les attentes fondamentales de fin de cycle à travers un travail différencié. Le regard croisé sur les élèves permet de conforter son opinion, d’apprendre à partager les points de vue, mais aussi d’approfondir la remédiation. Le soutien scolaire devient accessoire.

C’est une richesse à tous points de vue, une solution prometteuse contre l’épuisement professionnel qui ronge de plus en plus d’enseignant·es actuellement.

Le duo (français-allemand) permet également un enseignement bilingue parfait, puisque chaque instant est propice à la deuxième langue, sans contrainte horaire ou absence de personnel bilingue justement.

Suivre l’exemple alémanique

Le canton de Neuchâtel ne devrait-il pas investir dans de tels projets? Dans une classe Basisstufe, tous les paramètres sont en place pour évaluer par compétences, éviter le redoublement, déjouer l’épuisement professionnel, inclure tous·tes les enfants et amorcer le projet PRIMA tout en gardant des effectifs maitrisés et adéquats.

Espérons que la chance donnée à Valangin deviendra pérenne et qu’en s’inspirant de la Suisse alémanique, Neuchâtel offrira le terrain le plus adéquat possible à cet enseignement, tout en poursuivant ses autres projets.

1 Basisstufe: «degré de base», regroupement des années 1 à 4 (cycle 1).

Publié le
ven 25/03/2022 - 15:04
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