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Évitons de mettre la pression !

Soumis par Myriam Facchinetti le 24 juin 2022
(pixabay)

La première partie de la formation EDASCOL1 touche à sa fin. Sa mise en place par les directions a eu le mérite d’ouvrir le dialogue entre enseignant·es, permettant la mise en lumière des difficultés communes, dans un système d’évaluation qui jongle parfois maladroitement entre les trois cycles de l’école obligatoire.

L’évaluation, telle qu’elle a été remodelée il y a plusieurs années, se veut respectueuse des aptitudes des élèves, tout en s’appuyant sur des séquences d’enseignement adéquates. Aujourd’hui, on évalue donc des compétences. C’est dans cet esprit qu’a été construit le programme EDASCOL. Ce projet, visant à parfaire la culture de l’évaluation positive des apprentissages des élèves, a favorisé les débats, révélant parfois des préjugés et autres incompréhensions au sein du corps enseignant.

Cibler les interventions des enseignant·es

Le canton a mis le paquet pour donner du sens à l’évaluation et permettre à chacun·e de parfaire son enseignement et de bien cibler ses interventions. Le site2 dédié à la formation EDASCOL affiche d’ailleurs les perspectives : « Les différents changements structurels et pédagogiques proposés ont certainement été trop nombreux et trop conséquents pour être articulés habilement par le système et ses acteurs.

Repenser les finalités de l’évaluation du travail des élèves s’inscrit dans la mise en œuvre d’une école qui accompagne plus qu’elle ne sélectionne, d’une école qui encourage plus qu’elle reproduit certaines inégalités, d’une école qui valorise le succès plutôt que de pointer les fautes et les manques. ( ... ) Seule la réussite fait réussir ! ».

La réussite : voilà le point d’ancrage, le phare à ne surtout pas perdre de vue.

Le sac à dos des compétences

Face à mes élèves de cycle 1, je compare souvent la traversée de la scolarité à une longue marche. En première année, on t’équipe d’un sac à dos, et tout au long de ta « promenade », tu remplis ton sac de connaissances. Quand tu parviens à les utiliser dans n’importe quelle situation, à les « sortir de ton sac » au bon moment, elles deviennent des compétences. Les élèves peuvent ainsi se rassurer, sachant que le sac à dos ne peut pas être rempli d’un seul coup et qu’iels ont du temps pour apprendre à l’utiliser. Cette métaphore m’aide à faire avancer chacun·e de mes élèves de là où iel en est.

Mais le système scolaire neuchâtelois est souvent loin de cet idéal. Lors des demi-journées de formation, les discussions des différents groupes s’accordaient sur le fait qu’il faut évidemment miser sur la réussite pour que l’élève - ainsi valorisé·e dans ses acquis et ses compétences - aille de l’avant et puisse s’approprier tout le sens de ses apprentissages.

Mais la pression qui s’exerce sur les enseignant·es et fatalement sur leurs élèves – pression de réussite, pression de transmettre le maximum de savoirs pour que les enseignant·es suivant·es puissent poursuivre sans perdre en route les moins performant·es – empêche souvent cette réussite. C’est un fait : qu’on soit au cycle 1, 2 ou 3, il faut atteindre le maximum de compétences, viser le plus haut possible !

Quel gâchis !

Un enseignant regrettait ainsi la mise en place des notes en 8e année : « Les élèves ne travaillent plus que pour les notes, ceux qui ont une bonne moyenne ne bossent pas forcément. L’évaluation par compétences des années 1 à 7 est comme gâchée en 8e ... » Et au cycle 3, on déplore la pression sociale qui pèse sur les élèves, qu’on veut voir à tout prix au niveau 2.

Pression des parents d’abord, de la direction parfois, puis celle que l’élève se met pour convoiter des études académiques. Paradoxalement, alors que jusque-là, on a amené l’élève à la réussite, iel risque de ne plus « réussir » s’iel n’entre pas au niveau 2. C’est une incohérence !

Malgré toute la bonne volonté des enseignant·es et des formateur·trices, on est donc encore bien loin d’un système harmonieux et idéal dans ce canton ...

1 Programme de formation continue qui vise le développement d’une culture de l’évaluation positive des apprentissages des élèves dans la scolarité obligatoire (EDASCOL) du canton de Neuchâtel

Publié le
ven 24/06/2022 - 00:04
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