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Classes de moderne surpeuplées au Vallon

Soumis par SAEN le 15 septembre 2010

Deux classes secondaires du Collège du Val-de-Travers totalisent chacune 28 élèves depuis la rentrée du mois d'août. Une situation extrême, certes, mais parfaitement légale, qui fâche d'autant plus les enseignants, la direction et le chef du dicastère qu'une alternative a été proposée au Département de l'enseignement. Sans succès.

«La situation est légale, mais inadmissible!» Philippe Vaucher, membre du syndicat des enseignants du Val-de-Travers ne décolère pas. Depuis la rentrée du mois d'août, deux classes de 9e moderne accueillent chacune pas moins de 28 élèves.

Des redoublements non-attendus, des passages de la section préprofessionnelle en plus grand nombre que prévu et des arrivées d'autres écoles en partie concentrées sur ces deux classes sont à l'origine de cette situation. Le courroux de Philippe Vaucher tient essentiellement dans le fait que la commune de Val-de-Travers avait trouvé une solution selon lui bien meilleure pour les élèves. Elle n'a cependant pas reçu l'aval du Département de l'éducation, de la culture et des sports (Decs). «C'est pitoyable de constater que l'Etat se préoccupe plus du respect étroit de la loi que des élèves.»

Au cœur du désaccord entre le Collège du Val-de-Travers et le Decs, la création d'une classe multisections. «Pour décharger les effectifs de la 9e année, section moderne, nous avions imaginé regrouper des élèves de maturité et de moderne au sein d'une même classe», explique Pierre-Alain Devenoges, directeur adjoint de l'école secondaire. Les élèves auraient suivi ensemble les cours d'éducation civique, de dessin, de sport, d'économie familiale, et par section les branches principales.

Une alternative qui permettait à la commune de demeurer dans le quota des périodes subventionnées par le Canton. La section maturité n'aurait pas été prétéritée puisqu'elle dispose de trois classes, alors qu'elle compte le même nombre d'élèves que la moderne. «Lorsque nous avons arrêté le nombre de classes début juillet, les élèves de 9e moderne n'étaient pas plus de cinquante», précise Pierre-Alain Devenoges, qui relève que c'est la section la plus sujette aux variations, puisqu'elle accueille notamment les élèves trop faibles pour poursuivre en maturité et ceux suffisamment doués pour quitter la préprofessionnelle. Bien que prévues pour 24 élèves, les classes ont été aménagées sans trop de difficultés pour offrir quatre places supplémentaire. En revanche, la salle d'informatique ne comprend pas suffisamment de postes, ce qui implique de réquisitionner ceux de la bibliothèque. Afin de ne pas péjorer l'enseignement, deux leçons de français, une d'allemand et une d'anglais sont dédoublées dans chaque classe. «Nous allons augmenter ces dédoublements dans les branches où c'est nécessaire, et tant pis si le Decs ne les subventionne pas», annonce Claude-Alain Kleiner, chef du dicastère de l'Education et de l'enseignement de Val-de-Travers. «Pour nous, la qualité de l'enseignement prime et nous allons tout mettre en œuvre pour que les élèves n'aient pas à subir de préjudices. Cette situation est fâcheuse, mais pas dramatique.»

Un sentiment qui semble également se dégager du côté des parents d'élèves, comme le constate Nathalie Ebner Cottet, leur représentante pour l'école secondaire. «Seule une maman m'a contactée pour me faire part de sa colère, je suis étonnée qu'il n'y ait pas plus de plaintes. Mais dans le fond, je crois que nous avons un peu tous l'impression de ne pas pouvoir faire grand-chose pour lutter contre cette situation. Personnellement, ce qui m'inquiète le plus c'est que chaque année ce soit pire et que des classes de 28 élèves deviennent la norme.»

Pas de cadre légal pour le nombre maximum d'élèves

«Dans l'enseignement secondaire, la loi ne régit pas le nombre d'élèves maximum par classe, mais il y a un cadre qui fixe le nombre de périodes subventionnées par le Decs selon un indice d'encadrement», tente d'éclaircir Jean-Claude Marguet, chef du Service de l'enseignement obligatoire. «Le Decs ne finance pas plus du double de périodes que ce que l'école compte d'élèves. Les communes ont ensuite une liberté de manœuvre pour créer les classes comme elles le souhaitent. Les classes de 28 sont vraiment rares, mais dans le cas de Val-de-Travers, au vu du nombre de périodes dédoublées et consacrées au soutien pédagogique, cela ne pose aucun problème.» A noter tout de même que dans le canton, la moyenne d'élèves par classe en 9e moderne était de 18,3 pour l'année scolaire 2009-2010.

En revanche, le mélange des sections sort du cadre légal actuel en matière de filières. Il s'agit donc d'une question politique du ressort du Conseil d'Etat. Une expérience pilote est actuellement menée aux Ponts-de-Martel, où des classes regroupent des élèves de préprofessionnelle et de moderne. «Mais on ne lance pas une telle expérience à la veille de la rentrée scolaire, le délai est fixé au 30 octobre pour déposer une demande pour l'année scolaire suivante», précise Jean-Claude Marguet.

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