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CoWriter, l’école des robots où les «instits» sont les enfants

Soumis par SAEN le 14 mars 2015

Des chercheurs suisses ont mis au point un programme numérique et pédagogique nommé CoWriter qui permet aux enfants de prendre la place du professeur pour que des robots apprennent à écrire. En endossant le rôle du dernier de la classe, ce cancre humanoïde a permis aux élèves en échec scolaire de rattraper leur retard.

CoWriter, l’école des robots où les «instits» sont les enfants

CoWriter aide les enfants dans leur apprentissage de la lecture et l'écriture. École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL)/ YouTube

Apprendre à lire et à écrire n’a rien de naturel, contrairement à notre aptitude biologique à parler, dûment inscrite dans nos gènes. L’idée reçue selon laquelle notre cerveau hébergerait par défaut un centre de la lecture et de l’écriture, comme les aires du langage qui sont déjà pré-câblées, est fausse. Pas la moindre bibliothèque d’Alexandrie, ni aucune étagère neurologique n’existe dans notre tête pour accueillir les signes abstraits des lettres que nous déchiffrons automatiquement, afin de comprendre le sens des phrases et des mots en parcourant les pages d’un livre, par exemple.

Depuis l’invention de l’écriture chez les Babyloniens, il y a environ de 5 400 ans, son apprentissage oblige notre cerveau à modifier, grâce à sa plasticité naturelle, les fonctions de certains de nos neurones. Mais l’effort est considérable, et consiste à reprogrammer une partie de notre cortex visuel et de la région occipito-temporale gauche. Et ce n’est pas évident. Imaginez-vous sans aucun mode d’emploi, devoir détourner l’électronique d’une calculette pour la transformer en lecteur MP3.

Lors de cet apprentissage, certains élèves n’arrivent pas à acquérir immédiatement les bons automatismes. C’est la raison pour laquelle les chercheurs de l’école polytechnique de Lausanne en Suisse ont eu l’idée d’utiliser un petit robot à l’allure amicale pour les aider. Le programme s’intitule CoWriter et s’inspire d’une méthode pédagogique que l’on peut résumer par « apprendre en enseignant ». Nao, l’androïde conçu par la société française Aldebaran, reçoit des cours d’écriture par les enfants.

Il endosse le rôle du dernier de la classe qui a besoin d’aide. Les jeunes élèves lui montrent comment écrire des lettres correctement sur une tablette. Les enfants s’appliquent à corriger les erreurs d’écriture du robot, la ruse bénéficie avant tout aux élèves les obligeant à former correctement les lettres qu’ils sont en train d’enseigner avec bienveillance à l’androïde. CoWriter est au stade du prototype, il a été employé dans les classes du primaire auprès de 70 élèves âgés de 6 à 8 ans. L’expérience a permis de tester le système et de vérifier la programmation de la machine avec succès estiment les chercheurs et les enseignants. Mais rien n’indique si Nao qui n’est qu’une machine sait maintenant lire et écrire grâce à ses jeunes professeurs en herbe.

Par Dominique Desaunay | Podcast | Télécharger cette édition

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