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Débusquer les députés anti-profs

Soumis par SAEN le 4 mars 2017

Le Syndicat autonome des enseignants neuchâtelois publie un palmarès des élus au Grand Conseil qui défendent, ou non, l’école. Réactions.

Débusquer les députés anti-profs

La démarche est exceptionnelle: à la veille des élections cantonales, le Syndicat autonome des enseignants neuchâtelois (Saen) publie un palmarès des députés au Grand Conseil qui, selon lui, défendent le mieux les professeurs.

Le classement a été mis en ligne hier sur le site du syndicat. Pour l’élaborer, le Saen a dépouillé 19 votes du Grand Conseil ayant trait à l’enseignement, à l’évolution de la société et à la fonction publique.

Il s’est par exemple intéressé à la position des élus concernant la réforme des filières de l’école secondaire, la suppression de la caisse de remplacement des enseignants, la disparition des classes de transition, la restitution des retenues salariales 2014, voire l’enseignement des hymnes à l’école.

Résultat: les élus situés le plus à gauche de l’échiquier politique, membres des Verts, du POP et de Solidarités, soutiennent le mieux les enseignants, selon les critères du syndicat. Suivent les socialistes, de la quinzième à la cinquantième place. Enfin, la droite libérale-radicale, Vert’libérale et UDC occupe la seconde partie du classement.

Pourquoi un tel palmarès? «Beaucoup de politiciens tiennent de beaux discours sur l’éducation. Après les grèves de cet automne, nous avons voulu observer comment cela se traduit dans la réalité», répond Pierre Graber. «Nous demanderons à nos membres de voter pour ceux qui nous défendent vraiment.»

Le président du syndicat ne cache pas sa déception quant au résultat des socialistes: «Ils ont trop souvent ménagé le gouvernement, plutôt que de défendre des idées socialistes.» Pierre Graber critique aussi la droite libérale-radicale: «Le PLR a géré l’école neuchâteloise durant des décennies, c’est une déception de voir un positionnement aussi marqué, quasiment égal à celui de l’UDC.»

«Ça fausse la donne!»

La démarche du syndicat suscite des réactions: «Cette analyse me semble rapide, peu scientifique et présente certaines curiosités», constate Corine Bolay Mercier, présidente du Parti socialiste neuchâtelois, enseignante et 36e au classement. «Parmi les socialistes les mieux classés se trouvent Silvia Locatelli et Olivier Arni, alors qu’ils ont quitté le Grand Conseil en cours de législature.»

Elle s’interroge sur les pénalités infligées à ceux qui ont dû se faire remplacer par un suppléant: «Ça fausse la donne. Et il faut aussi tenir compte du fait que certains enseignants se sont récusés lors de votes qui les concernaient personnellement.»

Corine Bolay Mercier assure que les socialistes «ont toujours été en première ligne pour soutenir l’amélioration des conditions de travail des enseignants».

Du côté des libéraux-radicaux, ce classement n’a rien de surprenant: «Il y a forcément une opposition entre les syndicats et les partis libéraux. Si nous avions été en tête, je me serais posé des questions», réagit Fanny Noghero, secrétaire générale du parti. Elle relève que les syndicats ne représentent pas tous les enseignants. «Le PLR est très attaché au travail des enseignants et souhaite le valoriser: mais soutenir, ça ne veut pas dire ouvrir les vannes et dire oui à tout!»

Fanny Noghero s’étonne de voir Jean-Claude Guyot et Pierre-André Steiner, anciens directeurs d’école, arriver en seconde partie de classement: «Ils se sont toujours battus pour la formation. C’est la preuve que ce palmarès n’a rien de représentatif.»

Salaires en arrière-fond

Enfin, Mauro Moruzzi, président des Vert’libéraux, relève que «les votes qui pèsent le plus lourd dans la liste retenue par le syndicat sont tous en lien avec les conditions salariales des enseignants. Or, cette question est directement liée aux finances de l’Etat: les partis de gauche s’opposent à pratiquement toutes les mesures d’économie, proposées d’ailleurs par un gouvernement de gauche, préférant augmenter soit l’endettement, soit les impôts. Le classement reflète avant tout cette réalité-là. Mais les problèmes de l’école sont loin de se limiter aux questions salariales.»

Le syndicat n’entend pas s’en tenir à ce palmarès: il prévoit un classement des candidats pour les prochaines élections cantonales qui ne sont pas députés.

Le classement dévoile des surprises

Le palmarès du syndicat recèle des surprises: alors que le Grand Conseil compte de nombreux enseignants dans ses rangs, les trois députés qui arrivent en tête ne sont pas des profs: il s’agit de Doris Angst (collaboratrice scientifique en développement durable), Fabien Fivaz (biologiste) et François Konrad (assistant social).

Le classement dévoile d’autres singularités: Corine Bolay Mercier, présidente du Parti socialiste neuchâtelois et enseignante, n’arrive qu’en 36e position, sur 117. Mauro Moruzzi, président des Vert’libéraux et chef de la division Relations internationales du secrétariat d’Etat à la formation, à la recherche et à l’innovation, se situe à la 63e place. Enfin, le député libéral-radical Pierre-André Steiner, ancien directeur du collège de Cescole, figure parmi les élus qui, selon le Saen, soutiennent le moins les enseignants.

Par Virginie Giroud

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