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«Dégooglisons Internet» : ils sont fous ces libristes!

Soumis par SAEN le 19 octobre 2014

L'association Framasoft veut proposer une alternative «ouverte et respectueuse des internautes» à chaque service-star de Google, Microsoft et consorts.

La carte de la Toile occupée selon Framasoft.

La carte de la Toile occupée selon Framasoft. (capture d'écran)

«Nous sommes en 2014 après Jésus-Christ et toute la Toile est occupée par des services centralisés… Toute ? Non ! Une communauté peuplée d’irréductibles libristes résiste encore et toujours à l’envahisseur.»

Mais pas belliqueuse pour un sou, elle a laissé les glaives au placard pour se battre à armes égales avec l’ennemi : à coups de logiciels. L’envahisseur américain nous bombarde de Dropbox ? Les libristes répondent avec OwnCloud et Seacloud ! L’envahisseur nous inonde de Google Drive, Google Agenda et Google Books ? Même pas peur : les libristes ont du Framapad, Framagenda et Framabookin en stock.

L’idée de l’association Framasoft, à l’origine du projet rigolo «Dégooglisons Internet», est de dresser un état des lieux de toutes les alternatives possibles aux services centralisés du web.

Youtube, Twitter, Skype et consorts paraissent incontournables dans le paysage numérique en 2014, mais l’expérience a montré qu’ils ne sont pas les amis des internautes. «Les utilisateurs de ces services derniers ne contrôlent plus leur vie numérique», déplore Framasoft : «leurs comportements sont disséqués en permanence afin de mieux être ciblés par la publicité, et leurs données - pourtant privées (sites visités, mails échangés, vidéos regardées, etc.) - peuvent être analysées par des services gouvernementaux.» On sait grâce à Edward Snowden que les renseignements américains piochent allègrement des millions de données personnelles dans leurs serveurs… Et puis, non contents d’être opaques sur leur fonctionnement et ultra-concentrés («Youtube appartient à Google, WhatsApp à Facebook, Skype à Microsoft, etc.»), les services centralisés menottent leurs utilisateurs : «une fois que vous avez commencé à les utiliser, il est très difficile de s’en séparer car ces entreprises font tout pour vous garder captifs en vous empêchant, par exemple, de migrer vos données ailleurs».

Face à elles, les militants des libertés informatiques misent tout sur les logiciels libres. Par définition, ces programmes sont transparents car leur code source est librement consultable par n’importe qui – il ne risque donc pas de s’y cacher quelque fourberie. Mais les logiciels libres sont surtout modifiables et redistribuables à volonté : si le logiciel ne nous inspire plus confiance, il n’y a qu’à en développer une version alternative qui répond mieux à nos besoins.

Pour chaque site star, la carte des irréductibles libristes recense la concurrence. On peut par exemple remplacer l’hébergeur d’images Imgur par le très confidentiel Lut.im. Au lieu d’un Google Doc, on peut créer un Framapad : cet éditeur de texte collaboratif est déjà très agréable à utiliser, et une récente levée de fonds va lui permettre de devenir encore plus pertinent.

Mais les solutions existantes ne suffisent pas, et Framasoft a l’ambition impressionnante de développer sa solution maison pour chacun des services en ligne listés sur la carte. Avant la fin de l’année sortiront ainsi Framabin, pour copier/coller et partager des textes comme sur Pastebin, Framashort pour raccourcir les liens comme sur Bit.ly... En 2015, on aura Framadrive pour contrer Dropbox, Framatalk face à Skype et Framaslides pour les présentations type Powerpoint. Les années d’après, on vise plus haut encore avec une plateforme de blogs, un adversaire à Twitter et un au mastodonte YouTube.

Bien sûr, ce planning surchargé ne pourra être suivi qu’avec une aide financière conséquente – 70 000 euros pour 2015, et beaucoup plus pour la suite. Mais Framasoft relativise : c’est «le coût de 21 mètres d’autoroute, ou 0,0002% du chiffre d’affaires annuel de Google». En plus des dons ponctuels, l’initiative compte beaucoup sur l’inscription de donateurs réguliers. Le formulaire laisse la possibilité de choisir un montant aussi libre que les logiciels.

Camille GÉVAUDAN, Libération

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