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Des ponctions d'avant-crise

Soumis par SAEN le 26 août 2015

Le Conseil général dit oui aux mesures d'économie.

Deux heures de discussion. Avec des hauts, des bas. Les conseillers généraux chaux-de-fonniers n'ont pas été d'accord sur tous les points hier soir. Mais au final, les mesures d'économie touchant le personnel communal ont été adoptées par 25 voix contre 5 (2 NPL, 3 POP). Ces ponctions, qui prendront effet le 1er janvier 2016 pour se terminer fin 2017, devraient permettre de réaliser des économies à concurrence de 1,1 million par année. Certains élus ont préféré prévenir: cela ne suffira pas, compte tenu des prévisions pessimistes qui s'amoncellent sur le bureau du Conseil communal.

Deux heures de débat ont débouché sur l'acceptation par le Conseil général des mesures d'économie touchant le personnel communal. DAVID MARCHON

L'exécutif a été suivi dans ces propositions quasi sur toute la ligne. L'UDC a toutefois réussi à faire passer un amendement. Le salaire des cinq membres de l'exécutif (15 000 francs mensuels) sera finalement raboté de 3%, et ce dès le premier franc. Contrairement au projet initial, qui prévoyait des barèmes progressifs. Dans les chiffres, à partir de l'année prochaine, un membre de l'exécutif gagnera 450 francs de moins par mois. C'est 40 francs de plus ce que souhaitait au départ le Conseil communal.

Le NPL et le POP étaient contre l'entrée en matière. Proposition balayée. Ce dernier parti a ensuite proposé un amendement, stipulant que la retenue soit considérée comme un prêt d'une durée limitée à une année, le remboursement devant intervenir dès que la Ville aura retrouvé les chiffres noirs. Du balai, une fois de plus!

Aux portes de la crise

Les chiffres noirs, la ville de La Chaux-de-Fonds n'est pas près de les retrouver. C'est en tout cas l'avis du président de l'exécutif, Théo Huguenin-Elie. Le socialiste a tenu à le préciser en préambule à cette séance marathon: " La crise économique est à nos portes. " Les années à venir s'annoncent douloureuses.

Comme les mesures d'économie adoptées hier soir. Personne n'a voulu passer par là. Mais la situation financière de la ville est telle qu'il n'y a pas de petites économies. Théo Huguenin-Elie a soulevé les qualités des deux syndicats, qui n'ont surtout pas cherché à rompre le dialogue. Reste que si le Syndicat de police a accueilli favorablement les mesures d'économie, celui du SSP (Syndicat du service public) a fait part de ses réserves. Il est d'ailleurs prévu que tout ce beau monde se retrouve prochainement. Le président de la ville a souligné un point essentiel à ses yeux: à la suite d'un sondage, la majorité des quelque 750 employés communaux (609 emplois plein-temps), selon les statistiques arrêtées au 31 décembre 2014, possèdent comme principale préoccupation la qualité du service public avec le maintien de ses prestations. Plutôt que d'aborder dès le départ la fiche de paie.

Prendre ses responsabilités d'élus. C'est ce qu'a souhaité le socialiste Patrick Jobin. L'avocat a cogné sur le Conseil d'Etat, avec ses décisions unilatérales qui ne cessent de plomber les finances de certaines communes. Dont La Chaux-de-Fonds, évidemment.

Bien sûr, les camarades ont déploré la situation actuelle. " Mais le dialogue social a prévalu. Les jeunes et les bas salaires ne sont pas pénalisés. " En effet, compte tenu de subtilités chiffrables, les personnes gagnant moins de 5000 francs par mois ne se verront pas ponctionnées dès l'an prochain. Idem pour celles travaillant à temps partiel et dont le revenu ne dépasse par 5000 francs.

La gale!

Pour le PLR, il est évident que le personnel communal doit passer à la caisse. L'UDC a évoqué un exemple à montrer plutôt qu'une punition. Le POP ne voulait d'abord rien entendre. Pour son leader Charles-André Favre, une séance de surplace s'impose, avant une rencontre avec le Conseil d'Etat. Il a mis en garde: " Les mesures préconisées par l'exécutif ne suffiront pas, la mise sous tutelle semble inévitable pour fin 2016. " La conseillère communale Sylvia Morel l'a rassuré. Ce ne sera pas le cas. Pas sûr toutefois qu'elle ait été convaincante. La même Sylvia Morel a précisé que ces mesures d'économie ne toucheront pas 298 collaborateurs, forcément les moins bien munis du point de vue salarial. " On n'a pas voulu faire 198 000 francs d'économie sur le dos des moins bien lotis ", a-t-elle dit.

Les Verts craignent que des personnes de valeur quittent l'administration. Le NPL Frédéric Hainard a parlé de gale. Que tout le monde a, si l'on a bien pigé. Et si la commune péclote, ce n'est pas aux fonctionnaires de payer la casse. Les privilégiés qui étaient à l'hôtel de ville hier soir ont appris que les enseignants et la direction des écoles n'étaient pas touchés par ces mesures d'économie, leur traitement étant l'affaire du Conseil d'Etat.

Gale, rage: certains ont tenté de faire de l'humour hier soir. Franchement pas terrible. Une première étape a été franchie. Nul doute qu'elle devra être suivie par d'autres.

LE 13E PAS SUCRE

Toujours dans le cadre des mesures d'économie, le NPL proposait que le 13e salaire des cinq conseillers communaux soit purement et simplement biffé, pour la période courant du 1er janvier 2015 jusqu'au 31 décembre 2018, avec effet rétroactif au 1er janvier de cette année. Personne n'a suivi le duo composé de Frédéric Hainard et de Marc-André Oltramare. "Un treizième salaire, ça se mérite", a plaidé le second nommé. " Il ne faut pas confondre 13e salaire et gratification ", a corrigé le PLR René Curty.

Président de la ville, Théo Huguenin-Elie a admis être un peu mal placé pour évoquer cet arrêté. Mais il a rapidement retrouvé sa verve verbale: " Contrairement au Conseil d'Etat, le Conseil communal de La Chaux-de-Fonds est d'accord de participer aux mesures d'économie. Ce que le Conseil d'Etat neuchâtelois n'a jamais fait lorsqu'il a dicté des mesures d'économie. Ensuite, cet arrêté possède des accents poujadistes. Si la population entend sanctionner l'équipe en place, elle aura tout le pouvoir de le faire bientôt, lors des élections communales de mai 2016. "

On ignore si cet ultime argument a fait mouche. Mais au vote final, le NPL s'est retrouvé bien seul. Il est vrai aussi, comme se plaît à le relever sans cesse le trublion Frédéric Hainard, que " le NPL est le seul parti du législatif qui n'est pas représenté à l'exécutif."

On peut voir ça comme ça...

Par GERARD STEGMULLER

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