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Du français, de la volonté et des sous

Soumis par SAEN le 25 octobre 2016

Le canton de Neuchâtel met en place un projet-pilote d’intégration et de formation pour jeunes migrants allophones. L’Etat compte sur la participation des entreprises.

Favoriser l’intégration en apprenant le français et en s’engageant dans un apprentissage.

Favoriser l’intégration en apprenant le français et en s’engageant dans un apprentissage. KEYSTONE

Confronté à un afflux de requérants d’asile, le canton de Neuchâtel a décidé de mettre sur pied, depuis la rentrée scolaire, un projet-pilote en matière d’intégration et de formation de jeunes migrants (âgés de 16 et 18 ans).

Baptisé «My connection» et soutenu par la Confédération, il doit permettre à ces allophones qui ne sont plus en âge de scolarisation de réaliser un apprentissage en entreprise tout en apprenant le français.

«Nous avons quatre jeunes dans le ‘pipeline’. Le patron d’une petite PME a accepté de prendre un Pakistanais pour un stage d’une semaine. Pour le reste, nous sommes encore en phase de conceptualisation, mais à terme, nous aimerions pouvoir générer dix à vingt contrats d’apprentissage par année», explique Laurent Feuz, le chef du Service des formations postobligatoires. Ce qui comblerait une partie des offres d’apprentissage ne trouvant pas preneur, «on en a compté 67 à la dernière rentrée scolaire».

Cheffe du Département de l’éducation et de la famille, Monika Maire-Hefti en appelle à «un nouveau partenariat avec le monde économique neuchâtelois». Car le canton, comme ailleurs, «est en manque de main-d’œuvre».

Avec «My connection», les jeunes bénéficieront d’un apprentissage individualisé du français, appliqué au domaine d’activité. Le projet s’inscrit dans la foulée d’un dispositif scolaire existant. Il y a longtemps que Neuchâtel a mis en place les classes «JET», pour «jeunes en transition», qui apprennent en priorité le français, les maths et «les structures de la Suisse». Depuis deux ans, les listes d’attente devenant trop longues, le canton a instauré des classes «pré-JET», avec priorité aux mineurs non accompagnés, qui comporte la préparation d’un projet de formation. Depuis la rentrée, l’apprentissage du français y a encore été intensifié, les élèves suivant non plus quatre, mais cinq demi-journées hebdomadaires dans cette branche.

«La voie royale vers la HEP»

Si Monika Maire-Hefti a choisi d’inviter les médias à Fleurier pour présenter les chiffres de la rentrée scolaire, c’est parce que l’antenne vallonnière du lycée Jean-Piaget y accueille la première volée de la toute nouvelle maturité spécialisée en pédagogie (notre édition du 15 mars), «la voie royale vers la Haute Ecole pédagogique», image Laurent Feuz.

Sur 18 élèves – ils ont suivi une première année de tronc commun à Neuchâtel –, treize proviennent du Littoral, trois des Montagnes neuchâteloises et deux du Val-de-Travers. La nouvelle filière semble correspondre à un réel besoin, puisque «40 élèves actuels de première année en culture générale ont fait part de leur intérêt pour l’année prochaine», avance Ivan Deschenaux, directeur du lycée Jean-Piaget.

Hier, les étudiants formaient deux groupes, penchés sur leur outil quotidien, la tablette tactile. «J’ai toujours été intéressée par le travail pédagogique. Mon objectif était plus important que le fait de devoir venir à Fleurier», explique Anaë, qui habite à Cormondrèche. Laetitia, elle, a toujours voulu «travailler avec des enfants. Les stages que j’ai pu faire m’ont montré que je préfère l’école primaire aux crèches. Ce qui m’intéresse, c’est le contact humain, et non de changer des couches...» Art, lui, ne savait pas trop quoi faire et il s’est décidé avec l’aide d’une conseillère en orientation. «Je viens de La Chaux-de-Fonds. Je me lève tous les matins à 6h, je prends le train de 7h pour Neuchâtel, puis celui de 7h41 pour Fleurier. C’est 2h30 de train tous les jours. Mais jusqu’ici, la formation me plaît. »

Les horaires ont donc dû être adaptés. Les leçons commencent à 8h30. «Puisqu’on fonctionne par cours-blocs, il a fallu penser l’enseignement différemment», explique la prof de classe, Mélisane Bille Olivier. «Nous utilisons la liberté que nous avons pour rendre les élèves les plus autonomes possible.» Ceux-ci multiplieront les stages, sauf en quatrième année, destinée à atteindre le même niveau que dans les autres maturités gymnasiales dans les branches principales.

Par Vincent Costet

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Publié le
ven 10/04/2020 - 11:05
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