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Is English really so beautiful ?

Soumis par Jean-François Kunzi le 7 mai 2004

Dans le débat sur les langues, la CDIP vient de trancher. Elle a décidé que, d’ici à 2010, deux langues étrangères seront enseignées à l’école primaire. Contre l’avis des Romands pour lesquels une langue nationale constitue une priorité absolue et avec l’abstention des cantons de Lucerne et d’Appenzell (AI), elle a choisi d’accorder la primeur à l’anglais.

La société contemporaine place l’école publique devant un redoutable défi que celle-ci, pour assurer sa mission et pour rester crédible, se doit de relever. Des changements interviendront obligatoirement au niveau du travail et de la formation des enseignants. Les généralistes sont-ils condamnés à disparaître ?

Rares sont ceux qui, aujourd’hui, contestent encore les bienfaits d’un apprentissage précoce d’une langue en raison du potentiel extraordinaire que possède le jeune enfant. Il faut donc profiter de cette « perméabilité » et de ces prédispositions hautement favorables pour développer, chez lui, une ouverture aux langues. L’individu occidental du 21ème siècle devra impérativement être polyglotte. Les écoles privées ont, depuis longtemps, compris l’importance de l’enjeu, elles qui considèrent comme un atout l’enseignement bilingue, voire trilingue.

L’école publique, si elle entend remplir correctement sa mission et demeurer crédible en offrant la plus grande égalité des chances possible, ne saurait rester sourde aux sollicitations d’une société qui, qu’on le veuille ou non, se globalise irrémédiablement.

Le temps où la qualité du travail suffisait presque seule à améliorer les conditions et le niveau de vie est révolu. Le pouvoir d’achat risque bien de connaître une baisse continue. La concurrence, désormais planétaire, va devenir de plus en plus rude. Pour les élèves actuels et pour ceux qui leur succèderont, seule une formation de haut niveau dans laquelle les compétences de communication joueront un rôle capital permettra de l’affronter avec des chances de succès.

La décision prise par la CDIP reflète bien à la fois le pragmatisme des Alémaniques, sans doute plus proches de l’économie et plus sensibles à ses besoins et l’idéalisme des Romands, minorité linguistique, qui estiment prioritaire l’apprentissage d’une langue nationale afin d’assurer une compréhension et une cohésion indispensables.

Dans cette perspective, les enseignants du primaire vont se retrouver dans une situation inédite. Pourront-ils conserver, longtemps encore, leur statut de généralistes. Face à l’arrivée certaine d’une nouvelle discipline, quelle attitude adopter ? Refuser par tous les moyens d’entrer en matière (nos collègues zurichois ont fait signer des pétitions) ? Accepter d’alourdir davantage une charge déjà à la limite du supportable ? Ne devient-il pas urgent de repenser complètement l’exercice de la profession et la conception de la formation qui doit la précéder ?

Jean-François Kunzi

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