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Enseignants fatigués de payer les pots cassés

Soumis par SAEN le 12 novembre 2009

Le conseiller d'Etat Philippe Gnaegi est allé affronter, hier, les enseignants en colère, à La Chaux-de-Fonds. Ses arguments n'ont convaincu personne dans l'assemblée. Une grande manifestation se tient aujourd'hui à Neuchâtel. 

Une assemblée remontée a dénoncé, hier à La Chaux-de-Fonds, les décisions prises sans concertation préalable par le Conseil d'Etat. (GUILLAUME PERRET)

«Je suis d'accord avec vous!» Cette phrase est souvent revenue sur les lèvres de... Philippe Gnaegi. A l'origine, le chef du Département de l'éducation, de la culture et des sports (Decs) avait été invité à La Chaux-de-Fonds par le syndicat autonome des enseignants neuchâtelois (SAEN) pour qu'il s'explique sur les mesures d'économies qui toucheront le corps enseignant. Peut-être dès janvier prochain pour certaines, si le train de mesures est ratifié par le Grand Conseil, lors de la session consacrée au budget 2010. 

Las pour le chef de l'instruction, le matin même, tant le SSP que le SAEN avaient tenu leur journée syndicale (respectivement quelque 450 et 400 enseignants présents) pour dénoncer le refus de dialogue et de concertation du Decs. Dans ce contexte, l'offre de Philippe Gnaegi - «Faites-nous des propositions» - a fort mal passé dans l'assemblée, remontée, qui garnissait la salle de l'Ancien Stand, à La Chaux-de-Fonds. Pourtant, le président du SAEN nourrissait encore des espoirs de conciliation avant l'intervention de Philippe Gnaegi. «Nous espérons trouver un espace de discussion sur les économies prévues, qui touchent surtout les élèves qui ont le plus besoin d'aide et les jeunes enseignants sur le plan financier», espérait John Vuillaume. 

L'échange a vite tourné à la confrontation, polie mais sévère, puisque tous connaissaient déjà l'argumentaire du gouvernement: l'état catastrophique des finances cantonales. La discussion ayant irrémédiablement dévié de l'instruction aux finances, les plus anciens des profs syndiqués ont rappelé qu'il s'agissait là d'une ritournelle. «Vos propos m'indignent. C'est toujours le même discours», a tonné le président d'honneur du SAEN. Et de dénoncer «des mesures conjoncturelles sur le dos des enseignants pour régler des problèmes structurels». «Quelle faute ai-je commis?», a demandé un prof, frappé une deuxième fois dans sa jeune carrière par des mesures d'économie, pour perdre près de 40 000 francs d'ici sa retraite. «L'Etat doit-il continuer à s'endetter?», s'est enquis Philippe Gnaegi. La réponse n'est pas venue directement. Mais d'aucuns n'ont pas manqué de vitupérer contre les largesses fiscales neuchâteloises concédées aux entreprises. Très remarquée également, l'intervention d'un ex-président des enseignants du Jura bernois, relevant que «le conseiller d'Etat bernois en charge de l'instruction refuse maintenant d'économiser sur l'enseignement. Il a rompu la collégialité!» Des tonnerres d'applaudissements ont suivi.

Santi Terol, L'Express / L'Impartial
12 novembre 2009

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