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Enseignement des langues : la rupture est consommée !

Soumis par Jean-François Kunzi le 24 novembre 2002

Ce qu'on pressentait depuis longtemps vient de se réaliser. Sous la houlette de Zurich, les cantons de la Suisse orientale ont décidé de donner la priorité à l'apprentissage précoce de l'anglais qui sera enseigné dès la troisième année primaire alors que le français ne le sera qu'en cinquième année.

Doit-on considérer ce choix comme une regrettable rupture de la cohésion nationale quand on sait que celui de la Suisse romande est exactement inverse ?

L'école publique peut-elle ignorer les besoins pressants de la société ?

Concernant la scolarité obligatoire, la Suisse possède un handicap de taille : malgré les louables efforts de coordination entrepris, vingt-six systèmes de formation continuent de coexister. Ceux-ci sont probablement censés illustrer le génie propre - ou le manque de vision globale cohérente - de chacun des cantons. Au début du vingt-et-unième siècle, cette expression du fédéralisme ne s'avère-t-elle par un peu obsolète ? Ne crée-t-elle pas plus de blocages qu'elle n'engendre de synergies ? N'encourage-t-elle pas à penser petitement, étroitement ?

Notre histoire fourmille d'exemples montrant les Suisses, même lorsqu'ils se trouvaient au sommet de leur puissance militaire, incapables d'élaborer des conceptions stratégiques et politiques du monde dépassant les montagnes qui barrent si souvent leur horizon.

Les avantages de l'apprentissage précoce d'une langue ne sont, aujourd'hui, heureusement plus à démontrer. On connaît la réceptivité, l'absence de préjugés ou d'inhibitions, la motivation des jeunes enfants, surtout lorsque les débuts revêtent un caractère ludique. Le problème réside essentiellement dans le choix - politique, pragmatique ou démocratique - de la première langue étrangère à enseigner.

Didier Berberat, auteur d'une intervention au Parlement fédéral, demande que la Constitution institue l'apprentissage prioritaire d'une langue nationale pour améliorer la compréhension entre les différentes régions linguistiques. La décision prise par les cantons de Suisse orientale menace-t-elle vraiment la cohésion intérieure ?

Dans la société, l'anglais a , indéniablement, les faveurs de la cote. Chez les jeunes, il suscite un engouement évident. Sa maîtrise s'avère un outil précieux de communication, pratiquement dans le monde entier. Peut-on se payer le luxe de l'ignorer au risque de voir les écoles privées se profiler comme les championnes du plurilinguisme?

Jean-François Kunzi

A SAVOIR

  • Le chef du DIPAC a reçu les présidents du SAEN et du SSP-EN, le lundi 11 novembre, à 7h.30, dans son bureau.

  • Le SAEN, pour éviter des problèmes administratifs qui se répètent, va fonctionner désormais selon l'année scolaire : bouclement des comptes en juin et Assemblée des délégués en septembre. 2003 sera une année de transition.

  • Les collègues qui approchent de la soixantaine, s'ils souhaitent bénéficier, après leur retraite, d'assurances complémentaires dans le domaine des accidents doivent impérativement s'informer, auprès de leur caisse, des conditions de réintégration.

  • Les séquences didactiques de français (expression), moyen d'enseignement coûteux, seront introduites dans l'ensemble de la scolarité obligatoire. Des " animateurs relais " se forment.

  • Le statut des enseignants du secteur professionnel mérite une clarification rapide tant les différences sont grandes.

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