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Et si on reparlait d’innovation pédagogique ?

Soumis par Jean-François Kunzi le 17 septembre 2007

Les médias apprécient beaucoup Jean Romain Putallaz et ses pamphlets enflammés, intégristes, caricaturaux, voire fascisants contre l’école publique et les enseignants qui refusent catégoriquement d’adhérer à son système de pensée. Ils lui offrent, avec une régularité surprenante, une tribune dans laquelle, en toute impunité, il peut jeter ses anathèmes. (cf Tribune de Genève du 31 mai 2007, par exemple).

Dans un climat aussi délétère et dans un contexte social où une partie de la classe politique prône, ouvertement, un retour à une certaine forme d’autoritarisme, refuser de courber le dos, dénoncer le constat fallacieux et parler ouvertement d’innovation pédagogique comporte le risque d’essuyer l’incrédulité, l’insulte et la calomnie.

En cuisine, on s’extasie devant la créativité et l’habileté des grands chefs qui adaptent, modifient, font évoluer les recettes voire innovent radicalement. Pourquoi, pour le plus grand bien des élèves et pour répondre aux exigences de la loi, n’admettrions-nous pas que l’école peut changer et, qu’en tous cas, elle doit évoluer ?

Sans doute depuis qu’il existe – et c’est à mon sens ce qui le distingue des autres animaux – l’homme n’a pas cessé de mettre en œuvre sa créativité et son imagination. Il s’est constamment évertué à perfectionner ses outils, à améliorer ses techniques, à chercher de nouvelles possibilités ou de nouvelles procédures. Dans le domaine de la pédagogie, le numéro de juillet-août du « Monde de l’Education », le rappelle fort à propos, des hommes et des femmes ont jeté un regard pertinent sur « leur » monde.

De leurs réflexions sont nées des propositions pour une autre école, plus ouverte aux choses de la vie, plus soucieuse des rythmes de chacun, plus attentive aux inégalités et aux fragilités individuelles, plus sensible à l’accès de tous les enfants au savoir et à leur émancipation … Certaines de leurs idées continuent d’inspirer de nombreux enseignants d’aujourd’hui qui partagent, avec ces prédécesseurs plus ou moins illustres, le souci que chaque élève parvienne à se construire et à s’insérer harmonieusement dans la société.

« J’avais conquis le cœur de tous les parents qui étaient enchantés de la meilleure conduite, des progrès extraordinaires et du bonheur sans cesse grandissant de leurs enfants … Il était vain de s’adresser aux anciens instituteurs habitués au vieux système d’instruction livresque… J’eus recours, parmi la population, à deux personnes qui avaient, pour les enfants, beaucoup d’amour et une patience sans borne, qui étaient parfaitement traitables et prêtes, sans réserve, à suivre mes instructions : … jamais, ils ne devaient battre, ni menacer les enfants par la moindre parole ou le moindre geste, ni employer un langage injurieux. Au contraire, ils devaient leur parler avec une expression agréable et sur un ton aimable. Ils devaient dire aux enfants, petits et grands, de faire, en toute occasion tout leur possible pour rendre heureux leurs camarades. Les aînés, entre 4 et 6 ans, devaient spécialement prendre soins des petits et les aider à apprendre à se rendre mutuellement heureux …

La minutieuse division du travail et la division des intérêts sont synonymes de pauvreté, d’ignorance, de gaspillages de toutes sortes, d’antagonisme généralisé dans toute la société, de crime, de misère et de grande débilité physique et mentale. Pour éviter ces maux qui, tant qu’ils se perpétueront, maintiendront l’humanité en état de parfait avilissement, chaque enfant recevra, de bonne heure, une instruction générale qui l’adaptera aux fins propres de la société, lui permettra de lui être utile et s’y vivre avec plaisir … »

Charles Owen (1771-1858). Cet entrepreneur écossais crée, en 1816, une école – elle accueillera 759 élèves de 3 à 25 ans – destinée à instruire les enfants du peuple.

Jean-François Kunzi

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