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Ethique et politique font-elles bon ménage ?

Soumis par Jean-François Kunzi le 7 novembre 2003

Pourquoi durant la campagne qui précède une élection, les candidats se croient-ils obligés de se livrer à une surenchère de promesses toutes plus belles et plus appréciées les unes que les autres mais qu’ils finiront par ne pas tenir ? Dans cette opération de séduction de l’électeur, chacun est-il vraiment persuadé de détenir la vérité et surtout de posséder LA recette miracle permettant de résoudre les problèmes complexes qui se posent ? Le désintérêt d’une majorité de la population, son indifférence voire son mépris envers la classe politique ne résultent-ils pas de ce jeu de dupes dont est trop souvent victime le peuple souverain ? Le respect d’un engagement ne constitue-t-il pas ou plus une valeur de référence politique ?Dans la tradition paysanne, la fidélité à la parole donnée s’avère un élément essentiel, capital que seul un événement extrêmement grave saurait remettre en cause. Et encore. J’ai vu mon grand-père se mettre dans des situations périlleuses pour respecter ses engagements. A distance, je suis fier de lui et de l’exemple précieux qu’il m’a donné. Aujourd’hui encore, les éleveurs du Brionnais, entre autres, mais aussi Gilbert Facchinetti, le président du FC Xamax procèdent ainsi : pour manifester qu’une affaire est conclue, ils se tapent dans la main. Ce geste fort, hautement symbolique vaut tous les documents écrits, même devant un tribunal.

Pour plaire à la majorité de droite du Grand Conseil, le gouvernement neuchâtelois a planifié une réduction progressive du déficit des finances cantonales que la crise économique, après une brève embellie a complètement remis en cause. Lors des élections du printemps 2001, certains candidats n’ont pas hésité à proclamer, à l’aide de la formule simpliste : « il n’y a qu’à… », qu’ils parviendraient à résoudre les problèmes en cours. Devenus députés ou ministres portent-ils un regard plus humble sur la complexité de la situation ou demeurent-ils enfermés dans leurs certitudes prétentieuses néolibérales ?

Qui dans le contexte très difficile que nous connaissons, peut contester la nécessité d’appliquer une certaine rigueur budgétaire ? Encore faudrait-il auparavant, et surtout avant de priver l’Etat d’une partie de ses ressources financière, se livrer à une vraie et profonde réflexion sur son rôle et soumettre ce choix de société au verdict populaire. En période de vaches maigres, on peut décider une réduction d’impôts sachant que cette mesure hautement démagogique renforcera l’apathie populaire permettant ainsi de masquer les lourdes conséquences sociales qu’elle entraînera fatalement.

Je peux comprendre l’embarras du Conseil d’Etat mais pas son manque de courage devant l’hostilité prévisible du Parlement. Ne serait-il pas plus digne et plus honorable, pour respecter ses engagements, de se retirer battu mais après avoir lutté jusqu’au bout ? Depuis des lustres, la Fonction publique a accompli sa mission avec vaillance et détermination malgré les lourds sacrifices qui lui ont été demandés. Pour éviter les conflits, une Convention a été signée entre les partenaires sociaux. Le gouvernement ne respecte plus les étapes pourtant prévues. Il décide puis informe, au besoin par lettre. Il oublie sa signature apposée au bas de l’Accord portant sur une juste « revalorisation » des salaires. Ne discrédite-t-il pas le personnel de l’Administration lorsqu’il lui propose, par compensation, la semaine de 40 heures et des jours de congé supplémentaires sans prévoir la création de nouveaux postes ? Et que penser de son attitude envers les enseignants pour lesquels rien n’est envisagé ?

Accepterons-nous, dans ce climat déplorable, d’être les dindons de la farce ?

Jean-François Kunzi

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