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Grève préventive ou pas: le canton de Neuchâtel est déchiré

Soumis par SAEN le 29 novembre 2014

Alors que le SSP appelle à la grève mardi, le SAEN y renonce. Certains enseignants ont subi des pressions.

La prochaine session du Grand Conseil consacrée au budget 2015, mardi et mercredi, s’annonce animée. Non seulement la commission des finances a rejeté le budget par six voix contre cinq et deux abstentions, ce qui augure de débats musclés en plénum, mais la fonction publique se rassemblera dans la cour du Château pour exprimer son désaccord. En cause, la politique salariale du Conseil d’Etat pour 2015 et le train d’économies de 164 millions imposé par le parlement – à majorité de droite – pour le budget 2016.

Si le Syndicat des services publics (SSP) a appelé à la grève entre 11h et 14h, c’est pour permettre aux enseignants, particulièrement touchés par les mesures prévues, de se mobiliser. Quand bien même il avait carte blanche de l’assemblée générale pour appeler à la grève, le Syndicat autonome des enseignants (SAEN) y a renoncé, préférant appeler «les enseignants qui le peuvent» à se rendre au Château. «C’est trop tôt pour faire la grève. Il faut garder cet outil pour empêcher que ces mesures soient prolongées au-delà de 2015, avant qu'une nouvelle grille salariale soit négociée», affirme Pierre Graber, semblant avoir capitulé quant aux revendications syndicales pour 2015. «Nous regrettons le manque de solidarité du SAEN, alors que toute la fonction publique manifeste. Cela divise les enseignants», regrette pour sa part Marie Guinand, coprésidente du SSP section enseignement. «La grève est un avertissement. Si le budget est accepté, on ne s’arrêtera pas là», ajoute-t-elle.

Ne pas abandonner les familles

Soucieux d’assurer la marche des établissements scolaires du canton durant le débrayage, le Département de l’éducation et de la famille (DEF) a émis une directive. Les écoles avaient jusqu’à hier midi pour annoncer le nombre d’enseignants ayant décidé de débrayer. «Un peu plus de 150 enseignants se sont annoncés», révèle la conseillère d’Etat Monika Maire-Hefti, précisant que ce chiffre ne concerne que ceux qui ont des leçons le mardi en fin de matinée ou en début d’après-midi. «Je comprends que les enseignants soient fâchés et qu’ils descendent dans la rue. L’Etat ne peut pas laisser sans solution les familles qui comptent sur l’école, les crèches ou les structures parascolaires. Mais l’organisation doit se faire au niveau des directions. Je suis surprise de la position de la Ville de La Chaux-de-Fonds»,
lance-t-elle.
En cause, une circulaire distribuée aux enseignants par la direction du cercle scolaire de La Chaux-de-Fonds, qui a annoncé qu’«aucune permanence ne sera organisée pour les élèves» et que les enseignants participant à la grève «avertiront eux-mêmes les parents des élèves de leur absence» en en indiquant la raison. Le SSP a réagi, dénonçant une tentative de la direction de dissuader les enseignants de participer au mouvement: «La responsabilité d’organiser un service minimum incombe à la hiérarchie.»
Nathalie Schallenberger, conseillère communale chaux-de-fonnière en charge de l’Instruction publique, se dit favorable à ce que les enseignants puissent faire usage de leur droit de grève. Elle considère néanmoins que «le temps à disposition pour mettre en place les directives exigées par l’Etat est beaucoup trop court». «A La Chaux-de-Fonds, une centaine d’enseignants seront absents, ce qui représente 1500 élèves sur 4500. Il sera impossible de remplacer tous les enseignants», note-t-elle. Qu’est-ce qui sera mis en place, et par qui? «On procédera comme pour les Journées syndicales. Les parents sont informés à travers l’agenda de l’élève. S’ils ont un problème, les directions seront chargées de trouver une solution. Ce sont les ordres que j’ai donnés», poursuit-elle, avant d’ajouter: «J’ai l’impression que l’on crée un problème là où il n’y en a pas.» Selon nos informations, lors de la dernière Journée syndicale le 19 novembre, aucune prise en charge n’aurait été proposée aux parents par les écoles.

Leçons et permanences à préparer

Les enseignants d’autres cercles scolaires ont aussi subi des pressions de leur direction. A Neuchâtel, où les enseignants seront remplacés, ils devront fournir eux-mêmes le travail préparé à leur remplaçant. A Val-de-Ruz, les enseignants ont mis eux-mêmes sur pied une permanence. A Val-de-Travers, par contre, la direction a annoncé qu’elle s’occuperait de trouver des remplaçants. Mais la mobilisation ne sera pas forcément importante, le SAEN étant dominant dans cette région. Une chose semble certaine: entre la division des syndicats et les exigences des directions, la mobilisation sera plus faible que le 25 novembre.

Claude Grimm, Le Courrier

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