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HE-ARC : L’heure du choix a sonné !

Soumis par Jean-François Kunzi le 25 janvier 2007

Les cantons de Berne et de Neuchâtel possèdent, à Saint-Imier et au Locle, deux écoles d’ingénieurs, incluses dans la HES-SO, qui jouissent, certes, d’une excellente réputation mais qui sont affectées, toutes les deux, d’un handicap évident : leur éloignement des centres de communication.La Confédération a édicté, pour les hautes écoles spécialisées, des normes très strictes, notamment quant au nombre minimal d’étudiants, qui déterminent et leur connaissance, donc la valeur du titre délivré, et leur subventionnement. Afin de les respecter, les cantons de Berne, du Jura et de Neuchâtel n’ont eu que le choix de poursuivre la collaboration engagée avec la création de la HEP-BEJUNE et d’instaurer la HE-Arc.

Cette dernière, face à la très sérieuse concurrence vaudoise d’Yverdon doit judicieusement implanter son école d’ingénieurs. Nos partenaires bernois et jurassiens optent pour le littoral. La colère qui gronde dans les Montagnes neuchâteloises se muera-t-elle en une lutte fratricide Haut – Bas ?
Après la publication du communiqué de presse du Comité stratégique de la HE-Arc proposant de choisir Neuchâtel comme site d’implantation de l’école d’ingénieurs, le gouvernement neuchâtelois s’est soudain trouvé dans une situation pour le moins embarrassante. Lui qui avait promis d’annoncer sa décision à ce sujet le 24 janvier 2007, il a dû recevoir, en catastrophe, à la veille de Noël, les représentants très remontés des deux villes de la Chaux-de-Fonds et du Locle pour les rassurer. Le calendrier serait respecté.

Dans une ambiance politique typiquement neuchâteloise, faite de rivalités souvent exacerbées entre le Haut et le Bas du canton, le choix du Conseil d’Etat ne constitue pas une sinécure. Maintenant que nous formons, avec les cantons de Berne et du Jura, une communauté de destins, en particulier dans le domaine de la formation supérieure dans lequel la Confédération définit, seule, les règles, l’intérêt général (il s’agit ni plus ni moins que de la survie d’une filière de formation) l’emportera-t-il sur l’intérêt particulier ?

Le relief jurassien si caractéristique a été modelé au cours de l’évolution de la Terre. Avec ses vallées et ses chaînes parallèles, son climat relativement rigoureux, il ne facilite pas particulièrement les communications. Il a retardé la colonisation humaine et entravé le développement économique. Pour sortir les régions de leur isolement, il a fallu établir des axes prioritaires qui les relient au Moyen-Pays où se concentrent près des 70% de la population suisse. Cela ne signifie pas, pour autant, qu’on passe facilement d’une vallée à l’autre ou d’une des extrémités du littoral à l’une des villes du Haut si on ne possède pas un véhicule personnel. Le RUN (réseau urbain neuchâtelois) n’apportera pas de solutions rapides à ce problème essentiel.

Pendant longtemps, les Montagnes ont assuré la majorité de la richesse cantonale. On a même pu croire que l’expansion industrielle ne s’arrêterait jamais. A l’extérieur, les Britchons avaient une singulière réputation de flambeurs. Dans les années septante, la belle machine s’est enrayée. La crise qui a affecté particulièrement l’horlogerie a bouleversé complètement le monde du travail. Le secteur tertiaire offre, désormais, la majorité des emplois. La main d’œuvre doit devenir, de plus en plus, hautement qualifiée. Dans cette perspective, l’avenir de l’Ecole d’ingénieurs du Locle se pose déjà …

Le lobby du Haut, jusqu’en 2001 représenté majoritairement au sein du gouvernement, a pesé de tout son poids dans la vie politique cantonale. Il a ainsi obtenu, contre la volonté populaire, le déplacement, à la Chaux-de-Fonds et au Val-de-Travers, de certains services de l’administration. Parviendra-t-il à maintenir, au Locle, l’Ecole d’ingénieurs de la HE-Arc ? Tiendra-t-il compte de la très sérieuse menace que constitue celle implantée par les Vaudois à Yverdon et du souhait exprimé par les partenaires ?

Maintenant que nous formons, avec les cantons de Berne et du Jura, une communauté de destins, en particulier dans le domaine de la formation supérieure dans lequel la Confédération définit, seule, les règles, l’intérêt général (il s’agit ni plus ni moins que de la survie d’une filière de formation) l’emportera-t-il sur l’intérêt particulier ?

Jean-François Kunzi

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