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Il faut former les enseignants autrement !

Soumis par Jean-François Kunzi le 6 mai 2005

Qui peut nier, aujourd’hui, que le niveau de connaissance et celui de compétences de la population ne cessent globalement, de s’élever ?Pour répondre aux exigences de notre époque et permettre au citoyen d’affronter les défis qui l’attendent, l’école doit doter l’enfant des instruments qui l’aideront à devenir, demain, un adulte compétent, responsable et solidaire.Cela implique obligatoirement qu’on augmente, d’une manière significative, les connaissances et les compétences des enseignants, notamment dans les domaines de la psychologie et des sciences de l’éducation. On ne soulignera jamais assez l’importance considérable du rôle d’une maîtresse enfantine dans le processus de construction subtil et combien délicat d’un individu. La discrimination selon l’âge des enfants, dans le système de formation actuel, s’avère injustifiable.Les accords de Bologne offrent une formidable opportunité de modifier cette pratique obsolète. Dans le contexte socio-culturel que nous connaissons et compte tenu de l’évolution qui se dessine, le bachelor académique s’impose, même pour enseigner dans les degrés préscolaire et primaire.

En septembre 1991, l’IRDP a publié un article de son directeur que le Journal de l’Enseignement primaire genevois a repris en février 1992. sous le titre « Moins qu’un canari ? », Jacques-André Tschoumy, avec son sens aigu de la métaphore et un zeste de provocation, y interpelle les responsables de la formation des enseignants et la population en général : « Le vétérinaire que vous appelez aux soins de votre canari a suivi une dizaine de semestres d’études universitaires. Or, l’instituteur n’est pas universitaire. Pendant combien de temps encore le soin d’un canari va-t-il postuler plus de compétences que le soin des enfants ? ». Il poursuit en affirmant qu’il faut : « ne plus dissocier la formation des enseignants selon l’âge des enfants enseignés (et) rehausser le statut de l’enseignant par une double valorisation d’études universitaires et de rémunération adaptée ».

L’idée lancée voici près de 14 ans a-t-elle fait son chemin ? Le 1er mars 2005, huit députés au Grand Conseil genevois ont déposé un projet de loi demandant que la formation des enseignants (elle s’effectue à l’université) soit diminuée. On appréciera surtout les motifs justifiant cette démarche qui constituent un exemple révélateur de la haute considération dont nos collègues de l’enseignement primaire jouissent au sein de la classe politique : « …Il serait disproportionné sinon absurde d’exiger, pour l’activité visée d’instituteur, une formation nécessitant cinq ans d’études. (…) Sans même évoquer d’éventuelles conséquences financières tant pour l’université que pour l’Etat employeur et les futurs instituteurs, on ne peut envisager de dilater la formation d’un instituteur à l’égale de celle d’un avocat, d’un architecte, voire d’un médecin… ».

Une majorité de la CDIP, sous la houlette de son président, le conseiller d’Etat Hans-Ulrich Stöcklin, sans doute pour offrir un débouché aux étudiants fréquentant les EDD. (écoles de degré diplôme ou école de culture générale) entend prolonger la prolétarisation des enseignants préscolaires et primaires. Pour le SER et le comité central du SAEN, cette position est inacceptable.

L’importance considérable des premières années d’école n’est plus à démontrer. Pourtant, aucune réflexion n’a été conduite remettant en cause les moyens affectés à ce moment crucial de la scolarité et la formation des enseignants qui y oeuvrent.

Les accords de Bologne constituent une formidable opportunité de changer cela. La prolongation des études qu’ils impliquent s’avèrent parfaitement supportable. L’avenir de notre société ne nous impose-t-il pas ce choix ?

Jean-François Kunzi

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