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Il faut pacifier le débat sur l’école publique !

Soumis par Jean-François Kunzi le 17 juin 2005

Depuis quelque temps, des émules de Fouquier-Tinville, l’accusateur qui a sévi sous la terreur, s’ingénient, par tous les moyens, y compris ceux auxquels recourt habituellement l’UDC, à discréditer l’école publique, les enseignants, les chercheurs, les politiciens en charge de l’éducation, les pédagogies, les méthodes...Qu’apporte, concrètement, pour le bien de l’école, l’anathème régulièrement jeté par ces personnes – toujours les mêmes – et la surenchère à laquelle se livrent des médias plus avides de sensationnel que d’objectivité ?Que, dans une république, on débatte démocratiquement des institutions dont on s’est doté et des problèmes existentiels de la société me paraît non seulement parfaitement légitime mais aussi hautement souhaitable. Encore faudrait-il, pour que des échanges authentiques et profitables puissent se dérouler, qu’un climat serein et respectueux existe !

Nos collègues de la SPV ont publié récemment, dans le quotidien « 24 Heures » une annonce couvrant une page entière. « Ils accusent, ils mentent, ils vous trompent », ils dénoncent les manœuvres calomnieuses des détracteurs patentés et bien connus de l’école publique et de ses acteurs. Ils affirment, avec force, que les enseignants (vaudois) exercent leur mission avec sérieux et responsabilité, qu’ils oeuvrent dans une école exigeante qui instruit et qui éduque.

Je cautionne entièrement cette prise de position qui honore la SPV. Comment admettre, sans réagir vigoureusement, que ces prétendus « experts » autoproclamés dénigrent systématiquement une institution qu’ils ne connaissent pas, ou très mal, de l’intérieur. Qui, parmi eux, a véritablement enseigné dans la scolarité obligatoire ? Que savent-ils vraiment de l’application, dans la réalité de la classe, des méthodes ou des conceptions pédagogiques qu’ils vouent aux gémonies ?

Quels buts poursuivent-ils avec des intentions aussi malveillantes ? Promouvoir l’école privée qui pourrait être l’objet d’un juteux commerce ? Revenir à une mythique école d’autrefois qui n’existe que dans leur imagination ? Flatter leur vanité grâce aux sollicitations répétées et à la considération temporaire des médias ? Instaurer un système scolaire conforme à ce qu’ils nomment « la sélection naturelle » (On croit entendre les partisans de l’Ancien régime !) Restaurer l’autorité du maître que mai 68 aurait jeté aux orties ? (Mais comment rétablir l’autorité de quelqu’un qu’on ne cesse de contester et, pire, de vilipender ?)

Je peux comprendre qu’un patron exprime, d’une manière parfois un peu brutale, son désarroi voire son incompréhension face à un apprenti dont il juge les connaissances insuffisantes. Encore faut-il, pour qu’il soit totalement crédible, qu’il n’appartienne pas au clan de ceux qui militent pour des restrictions financières qui affectent aussi l’école.

Pourquoi est-il aussi difficile de faire comprendre, aux membres de certains milieux alors qu’ils en sont les acteurs ou, parfois hélas, les victimes, que le contexte socio-économique a complètement changé, que l’école publique, soucieuse de préparer tous les élèves à devenir des citoyens responsables, doit prendre obligatoirement en compte cette évolution inéluctable et que, pour remplir sa mission formatrice et éducatrice, elle a besoin de moyens afin de ne laisser personne sur le bord du chemin ?

L’école publique, comme toutes les institutions humaines, s’avère perfectible. Il est temps que les femmes et les hommes de bonne volonté, ignorant la poignée de détracteurs, se manifestent pour concevoir une école publique toujours plus juste, plus équitable, plus solidaire et sachant évoluer harmonieusement.

Jean-François Kunzi

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