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«Il y a des jeunes non pratiquants dans toutes les religions»

Soumis par SAEN le 31 mai 2009

Une étude s'est penchée sur le rapport des adolescents neuchâtelois avec leur religion. Entretien avec l'une des trois chercheuses, Kerstin Dümmler.

Les jeunes Neuchâtelois sont-ils religieux? Les musulmans accordent-ils plus d'importance à la prière que les chrétiens? Et qui pratique?

Autant de questions auxquelles tente de répondre une enquête menée actuellement par la Maison d'analyse des processus sociaux (MAPS) de Neuchâtel et financée par le Fonds National Suisse. Joëlle Moret, collaboratrice scientifique, Kerstin Dümmler, chercheuse doctorante et Janine Dahinden, professeure et directrice du projet, ont analysé le rapport à la religion de huit cents jeunes âgés de 16 à 19 ans et domiciliés dans les cantons de Neuchâtel et de Lucerne.

Quelles sont les religions représentées chez les adolescents neuchâtelois?

Kerstin Dümmler: Parmi les quatre cents jeunes interrogés à Neuchâtel, 40% sont protestants, 31% sont catholiques, 19% sans religion, 6% sont musulmans et 4% ont une autre appartenance religieuse.

Les jeunes du canton sont-ils religieux?

Il est difficile de donner une réponse. Certains sont très religieux, d'autres pas du tout. Et ce, quelle que soit leur appartenance. Plus de 50% des musulmans et des protestants ne prient jamais, alors que respectivement 20% et 11% pratiquent tous les jours. Chez les catholiques, 45% disent ne jamais prier, et seulement 3% le font quotidiennement. Malgré tout, parmi les éléments essentiels dans leur vie, les adolescents citent d'abord d'autres facteurs, comme la famille, les amis ou la formation. La religion vient en dernier, juste après la politique.

Tirez-vous le même constat pour Lucerne?

Pas vraiment. Même s'ils placent aussi la religion au dernier rang, les jeunes sont plus pratiquants qu'à Neuchâtel. A Lucerne, plus de 30% des jeunes interrogés prient au moins une fois par semaine, contre 18% à Neuchâtel. Mais à nouveau, on retrouve des croyants et des non-croyants dans toutes les religions.

Les jeunes ne sont pas pratiquants à Neuchâtel?

Si, mais seulement une partie d'entre eux. Par contre, dans notre canton, les musulmans sont un peu plus assidus que les autres: 20% prient tous les jours et 20% au moins une fois par semaine. Mais cette constatation ne peut pas être généralisée. A Lucerne, où les jeunes sont plus religieux, les différences s'estompent. Dans tous les groupes, environ 15% des jeunes prient tous les jours. Les musulmans se montrent même moins assidus que les catholiques.

Les jeunes affichent-ils volontiers des signes liés à leur appartenance religieuse?

Rarement. Environ 15% des jeunes, quelle que soit leur religion, portent un signe religieux. Pour eux, la religion est vraiment une affaire privée: très peu d'adolescents sont par exemple engagés dans une association ou un groupe religieux. Pour les musulmans, une seule personne de notre échantillon portait un voile. Les autres affichaient un pendentif représentant un symbole religieux.

Dans quels domaines de la vie des jeunes la religion joue-t-elle un rôle?

Ce facteur semble surtout important dans la réflexion sur le sens de la vie, dans les moments difficiles et pour l'éducation de leurs futurs enfants. La religion entre également en jeu dans le réseau social. Nous avons constaté que les adolescents ont surtout des amis appartenant à la même religion. Cela est beaucoup lié à la nationalité des jeunes. Ils ont tendance à se retrouver avec d'autres personnes du même pays.

Quelles conclusions retirez-vous de cette enquête?

Nous n'en sommes encore qu'à la moitié de nos recherches. Mais cela montre que les jeunes musulmans, que les médias cherchent toujours à mettre en avant, ne sont pas différents des jeunes avec d'autres appartenances religieuses.

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