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Ils apprennent à jongler avec les rythmes et les langues

Soumis par SAEN le 9 mai 2015

Les écoliers du canton de Neuchâtel voyagent autour du monde.


Il court, il court de collège en collège, Luc Aeschlimann (ici à Fleurier), pour superviser les dernières répétitions. CHRISTIAN GALLEY

"Kalin, ka-ka-lin, kakalin..." Pas facile à choper, le rythme de "Kalinka", célébrissime chant traditionnel russe. Il faut répéter et répéter encore, comme l'ont fait les 2500 écoliers du canton de Neuchâtel qui, dès lundi, se produiront en concert avec l'Ensemble symphonique Neuchâtel. Une tradition qui se perpétue depuis une douzaine d'années.

Le rythme est une chose, les paroles une autre, et pas des moindres. Cette année, le choix de l'équipe Musique-Ecole, rattachée au Conservatoire de musique neuchâtelois, s'est en effet porté sur les "Chants du monde". "Nous avons présenté des programmes axés sur l'identité suisse et, l'an dernier, sur le Bicentenaire de la République neuchâteloise. Il était logique de mettre d'autres cultures en valeur, dans un canton qui recense plus de 150 nationalités" , défend Luc Aeschlimann, responsable du projet. Avec une dizaine de langues inscrites sur leurs partitions - portugais, turc, japonais, anglais, allemand... - , les petits polyglottes ont déjà bien du grain à moudre...

Le train à vapeur

"Chhhhhhht", chhhhhht!". L'injonction se faufile entre les rangs. Un doigt sur la bouche, une institutrice tente d'imposer le silence aux jeunes choristes qui, tout à l'heure, chahutaient dans le couloir. Comme tous les écoliers du monde. Ont-ils réussi leur entrée dans la salle de répétition? "C'est mieux, mais certains ne peuvent pas s'empêcher de parler. Vous devez vous comporter comme au concert!" . Jeudi matin au collège des Acacias, à Neuchâtel, les élèves de huit classes entament, une nouvelle fois, leur voyage musical et culturel... Il faut se chauffer la voix en soufflant comme un train à vapeur puis en sifflant comme un serpent. Adopter la bonne posture, jambes légèrement écartées, bras le long du corps ou dans le dos. Surtout pas croisés, les bras, ça bloque les poumons!

Dans la foulée d'une répétition à Saint-Aubin, Luc Aeschlimann prend le relais, avec les mêmes consignes à la bouche. "Vous êtes des artistes, la discipline est essentielle!" Bourré d'énergie et d'humour, le charismatique marathonien scolaire tente de capter tous les regards. Respirer, sourire, ne pas quitter le chef des yeux. Mettre tout son coeur dans les chants empreints de nostalgie. Telles sont, rappelle-t-il, les clés d'un concert réussi...

Dans les rangs métissés, chacun s'applique. Mais ça chuchote aussi, ça pouffe, les têtes tournent comme des girouettes, l'attention se dissipe. Pas question de lâcher les rênes: "Vous avez droit à un avertissement, pas deux!", rappelle Luc Aeschlimann, sans jouer les terreurs mais fermement. En coulisses, il avoue qu'il n'a jamais dû aller jusqu'à pareille extrémité.

A 11h40, la sonnerie retentit. Les classes ont fait du bon boulot. Les ventres affamés s'envolent vers la sortie.

EXTENSION DU TERRITOIRE

C'est avec les musiciens de l'Ensemble symphonique Neuchâtel que les écoliers, par grappes de 150 ou de 300, feront voyager les chants du monde. "Cette année, les salles sont plus variées, nous irons aussi à Cortaillod et à Couvet" , annonce Luc Aeschlimann. Placé sous la direction tantôt d'Alexander Mayer tantôt de Martial Rosselet, réduit à 12 musiciens, l'orchestre a été redimensionné en conséquence... C'est le jour même des représentations que les enfants répètent avec l'ESN. Mais Luc Aeschlimann rassure: "La bande-son des répétitions les familiarise avec tous les sons qu'ils entendront au concert, interprétés par de vrais instruments."

INFO +

"Chants du monde": Couvet, salle de spectacles, lu 11 et ma 12 mai; Neuchâtel, temple du Bas, du lu 18 au ve 22 mai et je 28 mai; Cortaillod, Cort'Agora, ma 26 mai; La Chaux-de-Fonds, temple Farel, me 27 mai. Tous les concerts à 19h30.

Par DOMINIQUE BOSSHARD

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