L’actuel gouvernement a l’ambition, avec l’aide de l’ensemble de la population, de faire entrer notre canton dans le 21ème siècle. Les décisions qu’il a prises le 24 janvier dernier montrent que les structures héritées du 19ème siècle ont encore un très bel avenir …Lorsque, peu après son entrée en fonction en juin 2005, le gouvernement a présenté son ambitieux programme de législature, il a clairement exprimé sa volonté farouche de le mettre en œuvre, promettant même, reprenant les mots de Churchill, « du sang et des larmes ». Ceux qui, au départ, doutaient de sa détermination ont bien dû constater que, sourd aux récriminations et aux protestations, il s’en est pris d’emblée à certaines prestations sociales dont bénéficiaient des personnes démunies.
D’aucuns ont pensé ou espéré que les dossiers, certes épineux, de la restructuration hospitalière et de l’implantation de la HE-Arc seraient traités avec la même rigueur et la même fermeté dans la résolution. Hélas. Les lobbys des Montagnes et du Val-de-Travers, jouant leur rôle à l’aide d’arguments plus émotionnels que rationnels et n’hésitant pas à monter en force au château, ont amené le Conseil d’Etat à céder piteusement sur presque tous les éléments contestés.
Contrairement à ce qu’il affirme dans sa déclaration, le gouvernement n’a pas dépassé « les clivages locaux et régionaux ». Il ne saurait prétendre que l’hypothétique TransRUN changera, à lui seul, d’un coup de baguette magique, les mentalités. Oubliant, sans doute, que la Chaux-de-Fonds reçoit quelque 16 millions de francs de la péréquation financière, il poursuit la politique traditionnelle des équilibres et des compensations qui, pour la HEC-Arc, pourrait rapidement s’avérer désastreuse. Sa réthorique – « un site = deux espaces » - ne trompe personne. Elle fâcherait plutôt, à juste titre, nos partenaires bernois et jurassiens avec qui nous partageons, indéniablement, une communauté de destins et qui, eux, dès la création de la HEP-BEJUNE se sont montrés parfaitement loyaux.
S’il entend vraiment faire entrer le canton dans le 21ème siècle, le Conseil d’Etat doit absolument se montrer visionnaire et dépasser le cadre purement cantonal. Il lui appartient de susciter des alliances solides, de montrer la voie, de l’expliquer puis, après s’être efforcé de convaincre la population, de la tracer au quotidien.
Jean-François Kunzi
