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La qualité de l’école publique menacée !

Soumis par Jean-François Kunzi le 27 janvier 2006

Le Conseil d’Etat, dans un arrêté diffusé le 27 décembre 2005, a fixé les normes relatives aux effectifs d’élèves dans la scolarité obligatoire. Sa décision aura des conséquences fâcheuses sur l’emploi. Menace-t-elle aussi la qualité de l’enseignement ?La mesure figure certes dans son programme de législature. Revêtait-elle un caractère à ce point urgent pour que le Conseil d’Etat, dans sa séance du 21 décembre 2005, prenne cet arrêté qui fixe, à la hausse, les normes qui régiront, dès la prochaine année scolaire, les effectifs des élèves durant la scolarité obligatoire ? Il justifie sa décision abrupte en se référant à son objectif affirmé de diminuer le coût de l’enseignement et d’inciter les communes à se regrouper. Il affirme s’aligner simplement sur la moyenne suisse. Il estime qu’il ne met pas ainsi en péril la qualité de l’enseignement.

Faute de connaître sa vision à long terme de la formation, on peut légitimement nourrir quelques doutes et… beaucoup d’inquiétudes. Ne va-t-on pas continuer à jouer les pompiers ? Lorsqu’on s’attaque à l’enseignement, n’est-ce pas l’avenir qu’on hypothèque gravement ? Avant de fixer des normes qui, par définition, comportent une part de rigidité et ne tiennent pas compte de certaines réalités locales – l’article 2 indique, il est vrai, que le DECS PEUT accorder des dérogations momentanées – le Conseil d’Etat n’aurait-il pas dû au moins consulter l’ensemble des partenaires, d’abord pour définir clairement la mission de l’école obligatoire et les priorités impliquées afin de sauvegarder – mieux d’améliorer – la qualité de l’enseignement, ensuite pour déterminer les mesures susceptibles d’atténuer les répercussions désagréables sur l’emploi ?

Les enquêtes PISA que nos autorités ont fâcheusement tendance à jeter aux oubliettes ont clairement démontré que l’origine socio-culturelle des élèves influence fortement l’acquisition de certaines compétences notamment en lecture et, plus capital encore, en compréhension. Qui, parmi nos décideurs politiques, a, aujourd’hui, l’ambition affichée de réduire notablement dans un laps de temps le plus bref possible, la proportion d’écoliers connaissant des difficultés dans les domaines précités ?

A-t-on pleinement mesuré l’une des conséquences de la grave crise qu’a traversée notre canton : la disparition des grandes entreprises industrielles ? Maintenant, le secteur tertiaire occupe une part majoritaire de la population active. L’économie neuchâteloise repose également sur des PME encore dynamiques. Des usines appartenant à de groupes fournissent des emplois mais exportent plutôt leurs bénéfices vers leur siège social situé ailleurs… A tout cela s’ajoute le phénomène de la mondialisation et de la compétition acharnée qu’elle engendre. Un constat dramatique s’impose : il n’y a plus de place pour ceux qui ne disposent pas d’un bagage solide. Continuera-t-on à la tolérer ?

On ne peut que saluer l’ambition du Conseil d’Etat de faire de Neuchâtel un pôle de compétences fort et reconnu dans le domaine des microtechniques. Le seul moyen d’y parvenir est d’assurer à chaque enfant une formation de haute qualité.

En prend-on vraiment le chemin ? N’est-il pas temps de reconsidérer le rôle primordial et de l’école enfantine et de l’école primaire trop souvent banalisé voire dévalorisé et de doter ces deux secteurs de moyens renforcée ? Lorsqu’on construit un édifice ne s’assure-t-on pas d’abord de la solidité de ses bases ?

Jean-François Kunzi

Faute de connaître la vision à long terme de la formation du Conseil d’Etat, on peut légitimement nourrir quelques doutes et… beaucoup d’inquiétudes. Lorsqu’on s’attaque à l’enseignement, n’est-ce pas l’avenir qu’on hypothèque gravement ?

Chère/cher collègue,

Le Comité central vous adresse ses vœux les meilleurs pour que la présente année scolaire s’achève dans la sérénité et pour que, sur le plan personnel, 2006 vous apporte de riches et belles découvertes et des satisfactions nombreuses. Il compte sur vous pour que vous l’informiez immédiatement de toute situation problématique. En ces temps particulièrement difficiles, il espère votre soutien et votre compréhension dans les discussions et les négociations délicates qu’il devra mener, en compagnie des autres représentants du personnel, avec le Conseil d’Etat.

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