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La Suisse en déclin inéluctable ?

Soumis par Jean-François Kunzi le 7 octobre 2005

Quelles leçons avons-nous tirées de l’histoire ? Les Romains et les Chinois ont construit le limes ou la grande muraille pour protéger leur vaste empire. Les Allemands de l’est ont érigé un mur pour empêcher une partie de leurs concitoyens de s’enfuir. Toutes ces fortifications se sont avérées, un jour ou l’autre, totalement inefficaces.Sous l’impulsion de l’UDC, la Suisse qui, comme beaucoup d’autres pays, traverse des moments difficiles, n’est-elle pas en train de dresser, autour d’elle, des barrières aussi illusoires que dangereuses à long terme, mais rassurantes dans, l’immédiat, pour certaines personnes naïves et prétentieuses, alors qu’elle devrait plutôt rechercher des alliances ?

Au cours de l’évolution, le hérisson a acquis un réflexe qui lui permet d’échapper à ses prédateurs. Seul, semble-t-il, le renard parvient à déjouer ce stratagème. Depuis l’invention de la route, se mettre en boule sur la chaussée lorsqu’on pressent un danger peut constituer un piège mortel. A la belle saison, chacun peut constater le tribut, parfois lourd, payé par le petit animal.

Dans une Suisse épargnée par les ravages de la deuxième guerre mondiale, les discours patriotiques et les informations soigneusement triées et savamment communiquées ont généré, au sein de la population, ce sentiment détestable de supériorité et de suffisance qui perdure encore aujourd’hui. Nous méritons pleinement nos conditions d’existence élevées et la protection que nous accorde le tout-Puissant !

L’industrie florissante des années d’après-guerre a, sans doute, contribué à conforter, voire à développer ces prétentions orgueilleuses. Un niveau de vie qui ne cesse de progresser pratiquement pour chacun, des lendemains qui s’annoncent tous enchanteurs n’incitent guère à la remise en cause de certitudes vaniteuses aussi fermement ancrées.

Sans qu’on le pressente vraiment, des nuages sombres ont envahi notre ciel trop radieux. Des historiens courageux ont dévoilé les facettes peu glorieuses et les compromissions de notre passé. Des chocs pétroliers ont démontré notre vulnérabilité énergétique. Des secteurs importants de notre économie – horlogerie, textile, machines, etc. – ont subi des crises majeures qui les ont radicalement modifiés. La révolution informatique a complètement bouleversé les techniques de création, de fabrication, de gestion et de communication. Nous avons (re)découvert le chômage, la précarité, la marginalisation, la paupérisation…

Avec un ascenseur social en panne, notre société, oubliant soudain les valeurs fondamentales sur lesquelles elle s’est construite, s’oriente vers un développement à plusieurs vitesses. Chacun pour soi !

Ces événements et le contexte de mondialisation dans lesquels ils interviennent n’auraient-ils pas dû nous interpeller ? Avons-nous tous, véritablement, pris conscience du déclin indéniable de notre pays et, surtout, de notre dépendance croissante de l’étranger ? Succombant au chant des sirènes de l’UDC, nous enfermerons-nous, hautains et méprisants, dans nos tristes frontières, aggravant l’isolement dangereux de notre pays et l’image d’égoïsme que nous en donnons souvent ? Ou sommes-nous prêts à adopter un comportement plus modeste, plus ouvert, plus solidaire, plus créatif et plus dynamique, à rechercher, comme les premiers Confédérés, des alliances avec nos voisins ? De ce choix capital dépend notre avenir.

Jean-François Kunzi

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