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La tarte à la crème de l’excellence

Soumis par SAEN le 22 décembre 2009

J'ai beau cultiver une distance professionnelle de bon aloi avec toutes les expressions langagières quelles qu'elles soient, il y a tout de même des mots qui m'énervent. « Excellence », par exemple.

En fait, le mot n'en peut rien, bien sûr. Mais il est utilisé par des personnes qui, sous prétexte de contribuer à la bonne marche de la société, nous balancent des morceaux de discours tellement préfabriqués qu'ils ont comme un petit goût d'ordinaire de la messe.

Excellence est calqué sur le latin excellentia, lui-même dérivé de l'adjectif excellens, « éminent, d'une valeur supérieure ». C'est en fait le participe présent de excellere « dépasser, être supérieur ». L'adjectif signifie, selon le Robert historique, « qui, dans son genre, atteint une qualité proche de la perfection » et le nom excellence « est entré dans le vocabulaire à la mode vers 1980 pour désigner une appréciation très favorable concernant un service, une institution ». La liste des choses pouvant prétendre à l'excellence s'est enrichie depuis : des pôles, des centres, des écoles, des parcours, des pratiques, des bourses, des certificats, des hôpitaux, des hôtels... toute entreprise humaine est susceptible de devenir « d'excellence ». Et comme le dit Valais Excellence Management System® (sic) : « Le succès d'une entreprise passe par le professionnalisme et par l'excellence des prestations offertes ».

Mais voilà, quand il y a trop de monde dans l'excellence, ça ne va plus, puisque le but est d'être supérieur aux autres. Il faut donc maintenant viser la superexcellence, expression d'ores et déjà très courante en anglais.

Si vous songez à vous lancer dans les affaires liées aux démarches qualité, je vous conseille de créer un label de supersuperexcellence : le mot n'est pas encore attesté sur la Toile, et vous pourrez vous enorgueillir de dépasser même les Américains.

Marinette Matthey

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